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La fondation Abbé Pierre s'en prend à une "douche anti-SDF" et aux dispositifs hostiles aux sans-abri

Des picots sur des rebords de fenêtres pour dissuader de s'asseoir, des bancs inclinés pour empêcher d'y dormir... La fondation appelle à photographier ces dispositifs pour les répertorier.

Article rédigé par franceinfo
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Une militante de la Fondation Abbé Pierre colle des affiches d'une campagne contre les dispositifs anti-sdf sur la façade d'une banque, le 6 décembre 2017 à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Une porte de parking devant laquelle un jet d'eau tombe sur les badauds qui franchissent le porche sans badge : ce système, installé dans le 1er arrondissement de Paris, est un exemple parmi d'autres des nombreux stratagèmes déployés dans les villes pour empêcher les sans-abri d'occuper certains endroits. Des dispositifs anti-SDF dénoncés par la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs Solidarité, dans une campagne lancée mercredi 6 décembre. 

"Au lieu d'empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs", disent les affiches placardées par les deux organisations, mercredi, dans plusieurs lieux où figurent ces dispositifs. "Ce n'est pas parce qu'on n'a plus rien qu'on n'a pas le droit de se reposer, de se laver, d'aller aux toilettes", a déclaré Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, devant une agence de la banque LCL, en plein cœur de Paris, où des picots empêchent de s'asseoir ou de s'allonger sur les rebords de fenêtres.

La Fondation Abbé Pierre a également lancé un site internet et un hashtag, #soyonshumains. Elle invite les citoyens à l'utiliser pour signaler, photo à l'appui, les exemples de dispositifs anti-SDF, répertoriés sur une carte collaborative.

"Mouiller quelqu'un, ce n'est pas bien méchant"

Parmi les exemples cités par la fondation, se trouve une douche anti-sdf installée à l'entrée d'un parking parisien. Un dispositif d'autant plus symbolique qu'il se trouve devant un immeuble où ont eu lieu les premières réunions d'Emmaüs, raconte Le Parisien. Les riverains rencontrés par le journal se plaignent des dégradations que commettaient les SDF à l'entrée du parking. 

"Nous avons fait preuve de beaucoup de tolérance, mais ce n’était plus possible. Ces jets, c’est ce que nous avons trouvé de plus efficace", explique au Parisien un responsable de la société qui gère l'immeuble. "Je comprends que cela puisse choquer. En même temps, mouiller quelqu’un ce n’est pas bien méchant". Une logique que dénonce Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre : "Nous, nous disons 'plutôt que de faire la guerre aux pauvres, faisons la guerre à la pauvreté'."

Selon la Fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes sans domicile fixe a augmenté de 50% entre 2001 et 2012, et plus de 2 000 personnes meurent dans la rue chaque année en France.

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