Affaire Mougel : un juge "regrette" d'avoir libéré Alain Penin en 2009
Au deuxième jour du procès de l'homme accusé d'avoir tué la joggeuse en 2010 près de Lille, le débat sur la récidive a fait son entrée dans la salle d'audience.
"Avec le recul, je regrette ma décision." L'ancien juge d'application des peines (JAP) qui a accordé une libération conditionnelle en septembre 2009 à Alain Penin, actuellement jugé pour le meurtre de la joggeuse Natacha Mougel en 2010, a regretté son choix, mardi 21 janvier, devant la cour d'assises de Douai (Nord). "Je dois l'assumer professionnellement, avec toute la responsabilité morale qui en découle", a ajouté Loïc Binault, aujourd'hui en poste dans une fonction différente au tribunal de grande instance d'Angers.
L'ancien magistrat, qui répondait à une question de l'avocat du compagnon, du frère et de la belle-sœur de Natacha Mougel, a toutefois indiqué qu'il y avait "des éléments positifs" pour accorder, à l'époque, cette libération conditionnelle. Parmi eux, le fait qu'il n'y avait "pas eu d'incidents en détention" et des "efforts importants" de la part d'Alain Penin, comme des "soins en lien avec sa condamnation".
"Penin a manipulé tous les professionnels"
"Alain Penin présentait des efforts sérieux de réinsertion", avec "une promesse d'embauche aux Restos du cœur" et une "place en foyer", a renchéri Loïc Binault. Le JAP appuyait aussi sa décision sur des expertises psychiatriques et psychologiques faisant état d'un risque de récidive limité, a fait remarquer l'avocat du compagnon, du frère et de la belle-sœur de la victime.
"Je pense qu'Alain Penin a manipulé tous les professionnels qui étaient à ses côtés", médecins comme éducateurs, a estimé Loïc Binault. "On a compris à quel point il était facile, avec notre système, de tromper tous les intervenants de la libération conditionnelle. Le système est immensément fragile", a en outre relevé l'avocat des beaux-parents de Natacha Mougel.
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