"Tout homme a droit à une seconde chance" : la Cour de Cassation examine la demande inédite de réhabilitation de Jacques Fesch
C'est une question inédite sur laquelle la plus haute juridiction française doit se pencher ce jeudi 6 juin : doit-on réhabiliter près de 70 ans après un condamné à mort qui a fait preuve, selon son fils, d'une démarche de rédemption ? Cette histoire hors du commun, débattue devant la Cour de Cassation, est celle de Jacques Fesch, guillotiné en 1957 après avoir tué un policier lors d'un vol à main armé. Son fils demande aujourd'hui à ce que son honneur soit rétabli, un cas unique en France.
Le 25 février 1954, Jacques Fesch, 23 ans, attaque un agent de change et lui dérobe 330 000 francs. Un butin destiné à payer un voilier pour un projet de tour du monde. Dans sa fuite, le malfaiteur tue un policier et blesse plusieurs passants. Lors de son procès il est décrit comme "vantard et paresseux". Pour ces faits, il sera condamné à mort. Sauf que, pendant les trois ans qui précèdent la guillotine, Jacques Fesch dit avoir rencontré la foi. Il correspond avec un moine et écrit plusieurs textes publié de façon posthume et traduit dans plusieurs langues. Il fait même l’objet d’une procédure de béatification toujours en cours. D'après son fils Gérard, il devient donc un autre homme, un "exemple de rédemption", il entend ainsi "montrer que tout homme a droit à une seconde chance, de devenir meilleur".
"Mon père est un meurtrier. Il restera dans les mémoires comme un meurtrier. Mais c'est aussi retenir l'autre face du condamné, celle du repenti"
Gérard, fils de Jacques Feschà franceinfo
Message contre la peine de mort
Mais, au-delà du combat personnel, cette démarche est aussi un acte symbolique contre la peine de mort estime l'avocat de Gérard Fesch, Me Patrice Spinosi. "En réhabilitant Jacques Fesch, en réalité la Cour de Cassation pourra reconnaître à quel point la peine de mort est une sanction inique parce qu'elle ne laisse aucun espoir et elle refuse à tout homme le droit de s'amender vis-à-vis de la société."
Reste à savoir si cette rédemption sera retenue par la cour de cassation. Dans son avis rendu le 18 mai dernier, l'avocat général estime que la conversion religieuse de Jacques Fesch relève de la "sphère intime" et ne suffit pas à justifier une réhabilitation.
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