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Sup de Co à Amiens : du "jamais vu" en matière de harcèlement

Le procès de quatre responsables de l'école s'est ouvert mercredi. Il doit notamment faire la lumière sur le suicide d'une ancienne directrice, en juillet 2009.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Roger Davis, directeur délégué de l'Ecole supérieure de commerce d'Amiens (ESC Amiens), Georges Pouzot, directeur de l'ISAM et Jean-Louis Mutte, directeur général de l'ESC Amiens, au tribunal correctionnel d'Amiens le 25 janvier 2012. (FREDERIC DOUCHET / LE COURRIER PICARD / MAXPPP)

"Brimades", "pressions", "stress", "mises au placard"... "Je n'avais jamais vu autant d'éléments caractérisant du harcèlement dans une entreprise", a témoigné un des deux inspecteurs du travail chargés de l'enquête. Le tribunal correctionnel d'Amiens a commencé mercredi 25 janvier à juger pour harcèlement moral les dirigeants de Sup de Co Amiens.

Quatre dirigeants - Jean-Louis Mutte, directeur général de Sup de Co, Isabelle Mathieu, directrice administrative et financière, Georges Pouzot et Roger Davis, respectivement directeur délégué de l'Institut supérieur d'administration et de management (ISAM) et directeur délégué de l'Ecole supérieure de commerce (ESC), deux entités du groupe - sont poursuivis pour harcèlement moral sur leurs subordonnés.

Les quatre hauts responsables encourent jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende. L'association Sup de Co, représentée par son président Bernard Désérable, encourt jusqu'à 75 000 euros d'amende. Le procès est prévu pour durer jusqu'à vendredi.

"Son suicide est lié à son travail exclusivement"

La justice a commencé à s'intéresser à eux après le suicide d'une ancienne directrice, rétrogradée, qui s'était jetée par la fenêtre de son bureau en juillet 2009.

"Son suicide est lié à son travail exclusivement", a martelé sa soeur, Brigitte Dimpre, en arrivant au palais de justice. "Je veux comprendre ce qui s'est passé, comment, alors qu'elle était numéro deux en 2002, elle a pu se jeter par la fenêtre sept ans plus tard".

Au total, sept victimes ont été identifiées, comme Marylène Caboche, une assistante pédagogique qui a tenté à deux reprises de mettre fin à ses jours en laissant une lettre dénonçant ses conditions de travail, ou Patrice Toto, un formateur laissé sans occupation à son retour d'un congé maladie.

Un harcèlement "délibéré" de la direction selon les inspecteurs

Environ la moitié des salariés, soit 45 d'entre eux, en grande majorité des personnels administratifs, ont été entendus par les inspecteurs Julien Eggenschwiller et Jacques Thellier. Ces derniers ont conclu qu'une vingtaine d'entre eux souffraient au travail. "C'est anormalement élevé", a souligné Jacques Thellier.

"En face, la direction était dans le déni, recourant toujours à des explications du genre : 'c'est d'ordre personnel ou familial'". "On se heurtait à un mur d'inertie", a-t-il ajouté, disant n'avoir "aucun doute" sur le caractère "délibéré" du harcèlement par la direction.

Des inspecteurs "subjectifs" selon la défense

Les deux inspecteurs ont énuméré les éléments recueillis, comme ces propos : "la fatigue, c'est un problème d'organisation", tenus alors qu'un salarié se plaignait de la "surcharge" chronique de travail. Ils ont également évoqué des "pressions" pour obtenir des ruptures conventionnelles de contrats, des "opérations de déstabilisation" ou encore des "mises au placard""C'est un paradoxe, c'est quand même une école qui doit former des cadres supérieurs au management !", s'est exclamé M. Thellier.

Ses affirmations ont fait bondir le directeur général Jean-Louis Mutte, qui, rouge de colère, a contesté la formulation d'un inspecteur, trop orientée selon lui. Les avocats de la défense ont mis en avant "la subjectivité" des deux agents. L'avocat de Jean-Louis Mutte a rappelé que les deux-tiers du personnel avaient signé une pétition de soutien à la direction.

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