Sécurité : le jour où le gouvernement dévoile ses mesures
Plus d'une semaine après les attentats de Paris et l'émotion suscitée par la mort des 17 victimes, le gouvernement doit lever un coin du voile sur ses propositions en termes de sécurité, ce mercredi matin. En conseil des ministres, c'est le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui va prendre la parole pour faire ses propositions directement au président de la République.
La priorité, c'est le renseignement. Il y a eu des failles, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly ont réussi à tromper les policiers. Le ministre devrait parler des recrutements au sein de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), des 400 déjà annoncés. On verra s'il évoque des embauches supplémentaires, notamment pour renforcer les possibilités de suivre physiquement des suspects. Du côté de la police, beaucoup attendent un renforcement de la sécurité autour des forces de l'ordre : Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance Police nationale, veut une réforme du statut, et une réflexion sur la notion de "légitime défense ".
Récupérer plus d'informations en amont
Deuxième axe, changer les règles. Les policiers du renseignement n'avaient par exemple pas le droit d'écouter les femmes des deux frères Kouachi ; ils devaient se concentrer sur les suspects directement, dans l'idée de ne pas empiéter sur les libertés individuelles. L'idée serait donc de leur donner plus de pouvoir d'enquête, de possibilité d'écoute des suspects, de tracer leur véhicule... Avec en contrepartie plus de contrôle de la part des autorités pour éviter les dérapages.
Deux points pourraient également être abordés : la possibilité de récupérer des informations sur des suspects auprès des compagnies aériennes - le fameux système PNR - pour pouvoir surveiller leurs déplacements, et la création d'un fichier pour recenser les personnes condamnées pour terrorisme, là encore pour pouvoir mieux les suivre. Manuel Valls avait évoqué ces deux points lors de son discours devant l'Assemblée nationale la semaine dernière.
Des annonces fortes
Le gouvernement pourrait aller plus loin, et mettre en place une peine d'infignité nationale. C'est-à-dire priver de droits civils et civiques ceux qui préparent ou participent à des attentats terroristes. Les députés socialistes indiquent qu'ils pourraient proposer eux-mêmes l'idée, avec l'aval de Manuel Valls. Mais ce sera à François Hollande de donner son feu vert, alors que la mesure fait partie des douze propositions de l'UMP en matière de lutte contre le terrorisme.
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Enfin, on parle beaucoup de l'établissement d'un service "civil". Non pas d'une nouvelle version du service militaire, qui ne rassemble pas à gauche, mais bien un service civil obligatoire dont l'initiative pourrait là aussi venir de l'Assemblée nationale. François Hollande n'y est pas favorable, notamment pour un problème de coût, mais il pourrait ne pas freiner trop fort en cas d'initiative parlementaire.
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