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Russie : Mikhaïl Khodorkovski est libre

Le président russe Vladimir Poutine a signé ce vendredi le décret de grâce de Mikhaïl Khodorkovski. L'ex-magnat du pétrole, emprisonné depuis 10 ans dans un camp en Sibérie, est arrivé dans l'après-midi en Allemagne, où sa mère est soignée.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

La décision avait été annoncée jeudi par Vladimir Poutine. Le
décret de grâce a été signé ce vendredi et il prend effet  "immédiatement ",
a précisé le Kremlin. Après avoir passé dix ans derrière les barreaux, Mikhaïl Khodorkovski
a donc retrouvé la liberté, huit mois avant la date prévue de sa sortie de
prison, en août 2014.

La décision du président russe repose sur "les
principes d'humanisme
", souligne encore le communiqué. "Il a déjà passé plus de
dix ans en détention, c'est une punition sérieuse, il invoque des
circonstances d'ordre humanitaire - sa mère est malade - et j'estime que
l'on peut prendre cette décision
", avait déjà indiqué hier Vladimir Poutine
devant la presse.

C'est d'ailleurs pour l'Allemagne que Khodorkovski est parti - au chevet de sa mère, malade d'un cancer. Il est arrivé à Berlin en milieu d'après-midi.

Deux condamnations pour des faits qu'il a toujours niés

L'ancien oligarque russe, qui avait pris le contrôle du
groupe pétrolier loukos en 1995, était autrefois la plus grande fortune du
pays. En 2003, alors qu'il affiche son indépendance vis-à-vis du pouvoir et montre
des ambitions politiques, il est arrêté à l'aéroport de Novossibirsk.

Condamné une première fois en 2005 à huit ans de camp pour
"escroquerie et fraude fiscale", sa peine est portée à 14 ans de réclusion à l'issue
d'un deuxième procès en 2010 pour "vol de pétrole et blanchiment" de plus
de 20 milliards de dollars.

Mikhaïl Khodorkovski rejette ces accusations en bloc et refusera jusqu'ici de demander la grâce présidentielle, un acte qui serait un aveu de culpabilité. Pour ses partisans, son arrestation et les condamnations qui ont suivi sont avant
tout politiques, l'homme d'affaires pouvant faire de l'ombre à l'actuel chef
du Kremlin.

Hypothèses sur les raisons d'une libération anticipée

Dans son édition de vendredi, le quotidien Kommersant rapporte
que Mikhaïl Khodorkovski, menacé par une troisième affaire pénale après la révélation
début décembre par la justice russe de nouvelles enquêtes contre lui, aurait
fait sa demande de grâce présidentielle à Vladimir Poutine sous la pression des services secrets.

Pour le quotidien économique Vedomosti, "Poutine a
plusieurs raisons pour  avoir voulu
résoudre le cas Khodorkovski : la dégradation de l'image de la Russie à la
veille des JO de Sotchi, la stagnation de l'économie, le mauvais  climat des affaires (la nouvelle de la grâce a
fait monter la Bourse)", souligne le journal.

Aujourd'hui âgé de 50 ans, père de quatre enfants,  Mikhaïl Khodorkovski purgeait sa peine en
Sibérie, près de la frontière chinoise, à plus de 6.000 kilomètres à l'est de
Moscou. Selon l'agence Interfax, il aurait quitté sa colonie pénitentiaire dans
la matinée. Une information qui n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat.

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