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Reims : une famille déchirée autour de la fin de vie d'un de ses membres

Vincent Lambert, 37 ans, est plongé dans un état végétatif depuis un accident de moto il y a cinq ans. À Reims, les médecins, en accord avec son épouse et la plupart de ses frères et sœurs, ont décidé de stopper les soins. Les parents de Vincent ont obtenu l'annulation de cette décision, la justice estimant qu'ils n'avaient pas été suffisamment informés.
Article rédigé par Gilles Halais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Une famille déchirée, autour du lit
d'hôpital sur lequel survit, depuis cinq ans, Vincent Lambert. C'est l'un des
fils de cette famille recomposée qui compte neuf enfants. Depuis son accident
de moto, il est totalement aphasique et dans un état
"pauci-relationnel" : il ne peut plus ni bouger, ni parler, ni
s'alimenter. "Depuis le début de l'année, Vincent a multiplié les
comportements d'opposition aux soins, faisant suspecter un refus de
vivre",
explique le Dr Eric Kariger, patron des soins palliatifs au
CHU de Reims (Marne).

En accord avec l'épouse de Vincent,
qui est quotidiennement à son chevet, les médecins avaient décidé, le 10 avril,
de stopper les soins d'alimentation et d'hydratation qui constituaient une "obstination
déraisonnable",
selon l'équipe médicale. Une décision d'euthanasie
passive, soutenue par six frères et sœurs et le neveu de Vincent.

Mais ses parents et les deux autres frères et sœurs ont contesté la décision
devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, et obtenu gain de cause
.
Estimant que les parents n'avaient pas été suffisamment informés, le tribunal a
ordonné la reprise des soins.

"Quelle vie on lui propose
? Ce n'est pas une situation supportable à long terme. Sa vie n'a pas de sens
aujourd'hui. Humainement, ce n'est pas possible"
(Marie, sœur cadette
de Vincent)

"Le consensus ne pourra
jamais être obtenu
[...] Il faut vraiment se recentrer sur la volonté de
mon frère de partir, qui est pour l'instant piétinée par quatre membres de la
famille qui ont des convictions très tranchées, religieuses et idéologiques",

explique Marie, la sœur cadette de Vincent. "Il a exprimé des souhaits
de partir qui doivent être écoutées",
poursuit-elle.

"Je suis catholique
pratiquante mais je suis mère avant tout et je n'ai pas besoin de convictions
religieuses pour porter secours à mon fils",
soutient elle Viviane Lambert.
La mère de famille affirme que l'épouse de son fils a été "*manipulée
par les médecins
". *

Tentative d'assassinat

Le parquet de Reims indique que les parents ont déposé une plainte pour tentative d'assassinat. Vincent Lambert a été examiné par un expert et ses conclusions éclaireront la décision du procureur de donner suite, ou non, à cette plainte.  

* Du côté du corps médical, l'on concède avoir "tardé"  à "informer
précisément"  la "maman de Vincent".  C'est exactement
en ce sens qu'a été rendue l'ordonnance du tribunal administratif, analyse dans
un communiqué
l'Observatoire national de la fin de vie (ONFV) : "
La
justice ne remet pas en cause le fond de la décision prise par l'équipe
médicale pour ce patient. Mais le fait qu'elle n'ait pas été discutée avec
l'ensemble des membres de la famille."*  Une famille qu'il semble
désormais bien difficile de réunir autour d'une décision partagée.

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