Une famille déchirée, autour du litd'hôpital sur lequel survit, depuis cinq ans, Vincent Lambert. C'est l'un desfils de cette famille recomposée qui compte neuf enfants. Depuis son accidentde moto, il est totalement aphasique et dans un état"pauci-relationnel" : il ne peut plus ni bouger, ni parler, nis'alimenter. "Depuis le début de l'année, Vincent a multiplié lescomportements d'opposition aux soins, faisant suspecter un refus devivre", explique le Dr Eric Kariger, patron des soins palliatifs auCHU de Reims (Marne).En accord avec l'épouse de Vincent,qui est quotidiennement à son chevet, les médecins avaient décidé, le 10 avril,de stopper les soins d'alimentation et d'hydratation qui constituaient une "obstinationdéraisonnable", selon l'équipe médicale. Une décision d'euthanasiepassive, soutenue par six frères et sœurs et le neveu de Vincent. Mais ses parents et les deux autres frères et sœurs ont contesté la décisiondevant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, et obtenu gain de cause.Estimant que les parents n'avaient pas été suffisamment informés, le tribunal aordonné la reprise des soins."Quelle vie on lui propose? Ce n'est pas une situation supportable à long terme. Sa vie n'a pas de sensaujourd'hui. Humainement, ce n'est pas possible" (Marie, sœur cadettede Vincent)"Le consensus ne pourrajamais être obtenu [...] Il faut vraiment se recentrer sur la volonté demon frère de partir, qui est pour l'instant piétinée par quatre membres de lafamille qui ont des convictions très tranchées, religieuses et idéologiques",explique Marie, la sœur cadette de Vincent. "Il a exprimé des souhaitsde partir qui doivent être écoutées", poursuit-elle."Je suis catholiquepratiquante mais je suis mère avant tout et je n'ai pas besoin de convictionsreligieuses pour porter secours à mon fils", soutient elle Viviane Lambert.La mère de famille affirme que l'épouse de son fils a été "*manipuléepar les médecins ". *Tentative d'assassinatLe parquet de Reims indique que les parents ont déposé une plainte pour tentative d'assassinat. Vincent Lambert a été examiné par un expert et ses conclusions éclaireront la décision du procureur de donner suite, ou non, à cette plainte. * Du côté du corps médical, l'on concède avoir "tardé" à "informerprécisément" la "maman de Vincent". C'est exactementen ce sens qu'a été rendue l'ordonnance du tribunal administratif, analyse dansun communiqué l'Observatoire national de la fin de vie (ONFV) : "Lajustice ne remet pas en cause le fond de la décision prise par l'équipemédicale pour ce patient. Mais le fait qu'elle n'ait pas été discutée avecl'ensemble des membres de la famille."* Une famille qu'il sembledésormais bien difficile de réunir autour d'une décision partagée.