Réforme de la justice : "Trois mois pour revoir tout le fonctionnement, c'est complètement illusoire"
Pour Juliane Pinsard, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, les trois mois de concertation, préalables à la mise en place des cinq chantiers pour la justice présentée par la garde des Sceaux, sont insuffisants.
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a présenté vendredi 6 octobre ses cinq chantiers pour la justice. Juliane Pinsard, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature (SM), veut croire au fait que cette réforme va être menée mais emet des réserves concernant la concertation de trois mois préalable à sa mise en place l'été prochain.
franceinfo : Croyez-vous aux chantiers pour la justice qui vont être lancés ?
Juliane Pinsard : Sur le fait qu'ils vont être menés, on y croit. Sur la concertation, trois mois pour revoir tout le fonctionnement de la justice civile et pénale, c'est complètement illusoire. D'autant que les modalités qui ont été annoncées en terme de concertation, avec des binômes de personnalités, paraissent artificielles et cela pose question sur le choix de ces personnes. On n'a pas parlé des syndicats. C'est très bien de consulter le terrain, mais les syndicats en général représentent le terrain.
Construire de nouvelles places de prison, est-ce une solution à la surpopulation carcérale ?
On construit des places de prison depuis 200 ans. A chaque fois que l'on a de la surpopulation carcérale, la solution est de construire des places de prison. Il faut constater que cela ne sert à rien, puisque plus on construit, plus on remplit. Il faut favoriser les alternatives à l'incarcération, mais on prévoit 15 000 places de prison supplémentaires. Le Syndicat de la magistrature est très circonspect et rappellera que ce n'est pas la solution à la surpopulation carcérale et à l'amélioration des conditions de détention.
Le budget augmente. Est-ce rassurant ?
On est rassurés sur le fait que le budget augmente. Mais on modère nos ardeurs sur son augmentation. Il sera en grande partie absorbé par la construction de places de prison. Le budget des services judicaires consacré aux tribunaux n'augmente pas tant que cela. Sur les créations de postes, on est en deçà des attentes et des besoins des juridictions. Les postes en plus sont nécessaires pour aller moins lentement et traiter les dossiers.
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