Quelles sont les accusations portées contre l'animateur Stéphane Plaza, dont le procès pour violences conjugales se tient mercredi ?
Enjouée devant les caméras, la star de télévision est attendue devant la justice sous un jour bien plus sombre. Le procès de Stéphane Plaza, animateur à succès de la chaîne M6 à la tête d'un large réseau d'agences immobilières, doit se tenir mercredi 28 août au tribunal correctionnel de Paris. Placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de cette audience, le présentateur des émissions "Maison à vendre", "Chasseurs d'appart'" ou encore "Recherche appartement ou maison" est jugé pour "violences habituelles sur concubin". La vedette du petit écran, qui réfute ces accusations, encourt une peine maximale de dix ans d'emprisonnement et jusqu'à 150 000 euros d'amende, selon le paquet de Paris.
Mais les avocats de l'animateur ont prévu de déposer en préalable deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) ainsi que des exceptions de nullité concernant des questions de procédure, a déclaré à l'AFP Me Hélène Plumet, confirmant une information du Parisien. Si le tribunal retient l'une ou l'autre des QPC pour la transmettre à la Cour de cassation, le procès pourrait être renvoyé à une date ultérieure.
Une femme l'accuse de lui avoir cassé un doigt et de l'avoir menacée
Stéphane Plaza est visé par une première plainte déposée par une femme qui l'accuse de violences physiques et psychologiques, entre août 2018 et avril 2022 et ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours, précise le parquet de Paris. Après la publication d'une enquête de Mediapart dans laquelle figurait le témoignage écrit de la victime, celle-ci a été auditionnée par la police fin 2023. A l'issue de cette audition, la plainte a été déposée, rapporte le média d'investigation en octobre dernier.
La plaignante, qui souhaite garder l'anonymat, dit avoir partagé en toute discrétion la vie de Stéphane Plaza durant plusieurs années, tout en travaillant pour lui et en résidant dans un appartement au nom de l'animateur. Elle l'accuse notamment de lui avoir "luxé deux doigts et cassé un autre" le 25 avril 2022, raconte son avocat Benjamin Chouai à franceinfo. Des violences survenues, selon le récit de la plaignante, après que Stéphane Plaza a découvert qu'elle avait répondu, sur les réseaux sociaux, aux messages d'une femme qu'il fréquentait également. Le même jour, toujours selon son témoignage écrit confié à un huissier de justice en mai 2022 et publié par Mediapart, l'agent immobilier l'a attrapée par le col, l'a plaquée contre un mur, avant de poser son avant-bras sur sa gorge et de déclarer : "Je ne sais pas si tu sais ce que c'est, la souffrance. Mais maintenant, tu vas vraiment souffrir, j'espère que tu es prête pour la suite."
"Une voisine est alors intervenue après avoir entendu des cris", complète l'avocat de la plaignante. Cette voisine a découvert la jeune femme "en pleurs", "qui se tenait la main", d'après son récit, dont Mediapart s'est fait l'écho. Après cette dispute, la jeune femme envoie par message une photographie de ses doigts tuméfiés, à laquelle Stéphane Plaza répond : "Mince quelle force j'ai", "désolé encore", selon des échanges révélés par le média d'investigation. Peu après, la trentenaire avait déposé chez un huissier de justice ces messages d'excuses, mais aussi les radios de sa main attestant de ses blessures et le témoignage écrit de sa voisine.
La plaignante accuse par ailleurs celui qu'elle décrit comme son compagnon de l'époque de lui avoir donné un coup de poing dans l'épaule à l'été 2018, et fait le récit, dans Le Parisien, d'un colis jeté à son visage en 2020, après qu'elle exprimait son souhait de mettre un terme à la relation.
"Ce que ma cliente veut, c'est la manifestation de la vérité et que les violences subies soient reconnues par le tribunal."
Benjamin Chouai, avocat de l'une des plaignantesà franceinfo
Son avocat dépeint une femme qui oscille entre "le souhait que se termine ce chapitre, l'envie d'aller au bout de sa démarche" et la peur "du retentissement médiatique et d'être de nouveau confrontée à celui qui a été son compagnon et son agresseur". Benjamin Chouai déplore par ailleurs la posture "particulière perverse" de Stéphane Plaza, "qui cherche à inverser les rôles et faire valoir qu'il est la victime".
Une ancienne candidate d'une émission l'accuse de violences psychologiques et de morsures
La seconde plainte concerne "des violences habituelles par concubin", entre décembre 2021 et septembre 2022, ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours, selon le parquet de Paris. Cette plainte mentionne des violences commises "en la dénigrant, en l'insultant, en la menaçant, en insultant les membres de sa famille, et en la mordant", précise son avocate Clotilde Lepetit à franceinfo.
Dans le détail, la plaignante, qui souhaite également conserver son anonymat, est une ancienne candidate de l'émission "Recherche appartement ou maison". Elle dit avoir entretenu une relation avec le présentateur et évoque une histoire jalonnée d'intimidations et de dénigrements. "Il était parfois très agressif, il me disait que s'il me voyait avec quelqu'un, il me tuerait", raconte-t-elle à Mediapart.
Cette femme a d'abord déposé une main courante en septembre 2022 pour dénoncer des menaces de mort, confirme Clotilde Lepetit, avant de porter plainte en octobre 2023, à l'issue de son audition par la police, à l'instar de la première plaignante. En plus des scènes d'humiliation décrites, cette mère de famille assure avoir été victime de deux morsures, sur la cuisse et l'épaule, intervenues durant la relation, courant de l'année 2022. Son avocate, qui évoque une affaire de "violences conjugales malheureusement ordinaire", salue le courage de sa cliente de "dénoncer des agissements interdits par la loi et qui sont inadmissibles". Elle dénonce aussi "l'hypermédiatisation" de l'affaire.
Dans cette même enquête de Mediapart, une troisième femme, également compagne de l'acteur en 2021, déclare avoir été menacée par Stéphane Plaza lors d'un séjour à Vienne (Autriche), après lui avoir annoncé être au courant de ses infidélités. Deux autres femmes racontent enfin avoir vécu, dans leur relation avec la star de l'immobilier, un "love bombing" ("bombardement amoureux"), une intense démonstration d'affection souvent utilisée à des fins de manipulation. Mais ces trois femmes n'ont pas porté plainte à ce jour et leur témoignage ne sera pas l'objet du procès.
Stéphane Plaza dément ces accusations
Depuis la publication de l'enquête de Mediapart, l'animateur récuse fermement l'entièreté de ces accusations. Sur Instagram, il affirmait en décembre 2023 "avoir la conscience tranquille". Contactée par franceinfo, son avocate, Hélène Plumet, déplore une "enquête menée uniquement à charge" et "truffée de contradictions et d'incohérences". Elle dénonce la "volonté de nuire de femmes qui veulent mener à sa perte" le présentateur.
Concernant les deux doigts luxés et le doigt cassé de l'une des deux plaignantes, l'avocate de Stéphane Plaza plaide "un accident" survenu alors que son client tentait de "déplacer la main" de la jeune femme lors d'une dispute, sans avoir pris conscience de la force avec laquelle le geste était fait. Hélène Plumet fait valoir la dyspraxie dont souffre le présentateur, "trouble neurologique reconnu", qui contribuerait à "sa maladresse". Cette question de l'intentionnalité sera l'un des enjeux du procès.
La défense entend démontrer que les plaignantes n'étaient pas des conjointes de Stéphane Plaza, mais des "relations". Autre élément de la défense : la plainte contre X déposée le 29 juin 2023 pour cyberharcèlement par la star du petit écran. "Des femmes qui, sous couvert de faux profils, ont recontacté tout l'entourage féminin de Stéphane Plaza et mené une vraie traque pour savoir la nature de leurs relations", fait valoir Hélène Plumet, sans préciser quelles femmes sont visées par ces accusations de cyberharcèlement. La procédure, distincte des accusations de violences conjugales, ne sera pas au cœur du procès, même si le conseil de Stéphane Plaza entend bien "faire état des éléments dont [ils] disposent".
L'enjeu est de taille. La chaîne M6, qui emploie la star, a décidé de poursuivre leur collaboration dans l'attente de son procès. Les deux enquêtes réalisées en interne "n'ont donné aucun élément qui justifierait une sanction", déclarait Nicolas de Tavernost, alors à la tête du groupe télévisuel, en novembre 2023 sur BFMTV.
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