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Que sont devenus les groupuscules d’extrême droite dissous ?

Il y a un an, au moment de l’affaire Méric, plusieurs groupes d'extrême droite ont été dissous. Que sont-ils devenus ? Leurs destins sont plutôt ambivalents.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Des groupuscules d'extrême droite lors d'une manifestation en 2011 © GRANIER DEFERRE CAPUCINE/SIPA)

Alors que le ministère de l’Intérieur réfléchit à la dissolution de la LDJ (ligue de défense juive), dont l’activisme est controversé, France Info s’est posé la question de la survie des groupuscules supprimés. L’année dernière, après l’affaire de Clément Méric, du nom de cet étudiant tué lors d’une bagarre entre skinheads et militants d’extrême gauche, plusieurs groupes d’extrême droite avaient été dissous. Que sont-ils devenus ?

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Les membres du mouvement Troisième Voie n’ont plus vraiment fait parler d’eux depuis un an. Son service d’ordre aux blousons noirs, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires ont fait profil bas. Interrogé par France Info, leur leader, Serge Ayoub, ex-chef de file des skinheads parisiens fait comme s’il ne regrettait pas la dissolution, "on n’a jamais été autant écoutés que depuis que nous avons été dissous par ce cher gouvernement ", ironise-t-il.

Militantisme virtuel

Pour Serge Ayoub, son groupe attire plus de monde maintenant : "Chaque fois que nous intervenons sur le net, avant la dissolution on avait entre 20.000 et 40.000 vues et maintenant c’est du 100.000 à 150.000 ".

Mais pour Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, ce militantisme est  "virtuel ". Il estime que "l’activisme de Serge Ayoub a été sérieusement réduit ". Réponse de l’intéressé : c’est tout le contraire, "si vous écoutez le programme de Marine Le Pen, on croirait qu’elle l’a eu chez nous. On est contents ". Les Jeunesses nationalistes révolutionnaires veulent tout de même contester leur dissolution devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

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"Bâtons dans les roues"

Le Conseil d’Etat doit se prononcer sur deux autres groupes dissous qui l’ont saisi : L’œuvre française et sa branche activiste des Jeunesses nationalistes, fondées par Alexandre Gabriac, élu FN exclu pour avoir fait le salut nazi. La dissolution "nous a quand même mis des bâtons dans les roues ", concède-t-il, "on était sur une montée fulgurante, les noms commençaient à être connus, on faisait des manifs très fréquemment ".

Mais les groupuscules respectent-ils réellement ces interdictions de manifester ? Le leader de L’œuvre française, Ivan Benedetti, l’avoue, les manifestations et les réunions se poursuivent en rusant un peu : "Ca se fait de manière discrète, soit par des réunions d’appartements ", soit des lieux d’expressions où les membres se présentent, mais pas sous les couleurs des groupes dissous, sous avec celle d’associations "amies ".

Jérôme Jadot a joint les leaders des principaux groupuscules d'extrême droite dissous

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