Procès des "tournantes" de Fontenay-sous-Bois : des réquisitions et des doutes
Les accusés encourent
théoriquement jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. C'est dire si ces
peines de cinq à sept ans requises contre la moitié des accusés traduisent le
sentiment de confusion qui règne aux assises de Créteil.
L'une des avocates des
deux jeunes femmes, Me So-Ah Boyadjian, est "choquée" : "L'avocate
générale n'a rien démontré. Elle a parlé du doute et s'en est rapportée à la
cour qui décidera." Un réquisitoire qui ne convainc pas davantage les
avocats de la défense : "On se fie, mais à moitié, à la parole" des
plaignantes, "on essaie de préserver une partie de la procédure en lâchant
sur une autre partie" , explique Me Philippe Gény-Santoni.
Les avocats des deux
victimes présumées ont plaidé lundi matin. Ceux de la défense prendront le
relais dans l'après-midi et jusqu'à jeudi matin. Le verdict est attendu jeudi,
probablement tard dans la soirée ou dans la nuit.
Des victimes qui passent du rang des parties civiles au banc des accusés
Ces trois semaines de procès se
soldent par un sentiment de malaise. Les audiences n'ont semble-t-il pas permis
de faire la lumière sur des faits vieux de plus de dix ans. Soumises au questionnement incisif des avocats des accusés,
les deux jeunes femmes, toujours accompagnées de leurs mères, n'ont cessé de
dire leur sentiment de glisser du rang des parties civiles au banc des accusés.
Pourtant à l'origine de la plainte
pour viols collectifs, elles ont assisté aux audiences en pointillé. L'une d'elles,
Aurélie, a fait une tentative de suicide quelques jours à peine après
l'ouverture du procès. Au même moment le frère de la seconde, Nina, déclarait
que les faits dénoncés par sa sœur étaient
faux. Les avocats de la défense ont révélé
pour leur part une plainte pour viols classée sans suite, qui avait été déposée
par cette jeune femme à Nanterre en 1999.
Face à
ces victimes fragiles, sur le banc des accusés les quatorze hommes ont fait
bloc, inébranlables. Ceux qui ont toujours nié avoir violé les jeunes femmes, ont
campé sur leurs positions et gagné visiblement chaque jour un peu plus en
assurance. Jusqu'à traiter les jeunes femmes de "menteuses, de nymphomanes" . Aujourd'hui âgés de 29 à 33 ans, ils sont accusés de viols collectifs perpétrés entre 1999 et 2001 sur les deux adolescentes alors âgées de 15 et 16 ans, qui ont longtemps gardé le silence.
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