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Procès de la psychiatre d'un patient meurtrier : un an avec sursis requis

En février 2004, Joël Gaillard a fugué de l'établissement Edouard-Toulouse avant d'assassiner à coups de hachette le compagnon octogénaire de sa grand-mère. Danièle Canarelli, la psychiatre qui le suivait était jugée pour homicide involontaire. Le parquet a requis un an de prison avec sursis. Une décision qui a été mise en délibéré au 18 décembre.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Frack Cognard Radio France)

 "Il n'y a pas dans la société française d'impunité pour qui que ce soit ", a affirmé le président du tribunal Fabrice Castoldi, avant d'interroger longuement la prévenue.

Danièle Canarelli, médecin dans l'établissement Edouard-Toulouse, a nié toute négligence dans le suivi de Joël Gaillard:  "Ce patient présentait assez peu de difficultés comportementales durant ses
séjours à l'hôpital"
a-t-elle expliqué. Elle a affirmé qu'elle n'avait "jamais contesté sa dangerosité " mais "la pauvreté
symptomatologique m'a troublée et m'a posé un problème de diagnostic."

"Une faute professionnelle devenue pénale"

Au-delà d'un "problème de diagnostic ", le procureur Emmanuel Merlin a dénoncé lui "l'aveuglement " de la prévenue, ne cessant d'aller à l'encontre des avis "uniformes " rendus par neuf psychiatres qui préconisaient d'hospitaliser Joël Gaillard dans une structure plus contraignante.
En choisissant de lui accorder fin 2003 une sortie à l'essai de longue durée, "séduite " par le comportement "roublard" de son patient malgré son "crescendo dramatique dans la violence ", elle a commis selon lui "une faute professionnelle devenue pénale, vu les conséquences qu'elle va avoi r."

Joël Gaillard "bénéficie de sorties d'essai"

Dans cette affaire, "on est dans la chronique d'une mort annoncée ", a
plaidé l'avocat des parties civiles, Me Gérard Chemla. Mais pour  l'avocat de la défense, Me Sylvain Pontier, qui demandait la relaxe de
sa cliente, ce procès a mis en lumière "une méconnaissance de la réalité de la psychiatrie hospitalière et la persistance d'un certain nombre d'images  d'Epinal. Il faut bien que ces personnes soient soignées, on n'est pas dans un système carcéral."

Et il a affirmé que Joël Gaillard est actuellement "traité à l'hôpital de la Conception, s'est depuis marié, a eu au moins un enfant et bénéficie de sorties d'essai".
   
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois. Déclaré pénalement
irresponsable après le meurtre de Michel Trabuc, hospitalisé d'office en

octobre 2007 à Marseille, il avait fugué en décembre 2008 au cours d'une
"sortie d'essai" .

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