Procès Camaret : pour Demongeot, il est "normal que cet homme paie"
Son entraîneur a aujourd'hui 70 ans. Isabelle Demongeot était mineure au
moment des faits. Aujourd'hui, l'ex-numéro deux du tennis va retrouver, devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, celui qui, pendant neuf ans, l'a violée alors qu'elle s'entraînait
avec lui, de 1980 à 1989. C'est elle qui avait révélé les faits en 2005 : une
vingtaine d'autres plaintes suivront. Parmi elles, deux seront retenues. La sienne
non, à cause de la prescription.
" J'ai souffert d'un pervers qui m'a
totalement manipulée "
Au micro de Christophe Vincent, elle revient pour France Info sur ces années
de douleur. Parce que "tant de
femmes ont souffert ", Isabelle Demongeot considère
qu'il est "normal que cet homme paie ". "Lourdement ".
La joueuse, "trop longtemps" , a souffert d'un "pervers ",
qui l'a totalement manipulée. "Dès le premier jour de son arrivée au club ",
insiste-t-elle.
" Ca n'a jamais été
une relation amoureuse, je n'ai jamais eu aucun désir pour cet homme "
L'entraîneur, lui, minimise les faits. Il n'évoque qu'un
simple flirt, des "jeux
d'amour ", des "bisous dans le cou ". La joueuse, elle,
affirme n'avoir jamais eu avec de lui de relation consentante : " Ca
n'a jamais été une relation amoureuse, je n'ai jamais eu aucun désir pour cet
homme.. ."
" Il a tout contrôlé de ma vie : ma vie tennistique,
ma vie personnelle. Et ma vie sexuelle " , poursuit Isabelle Demongeot. " J'ai subi
ça pendant neuf ans. Neuf années pendant lesquelles je n'ai pas pu m'en libérer...
Dans le monde du sport, il faut être davantage vigilant sur le fait que, trop
souvent l'entraîneur devient démesurément indispensable vis-à-vis de sa joueuses.
Moi, à l'époque, j'ai accepté. Il ne faut pas accepter. "
Service volé
C'est Isabelle Demongeot femme qui témoignera ce jeudi devant la cour
d'assises des Bouches-du-Rhône. Peut-être reviendra-t-elle sur Isabelle petite
fille, lorsqu'au tournoi de Roland Garros, son entraîneur l'agressait pour la
première fois dans sa chambre d'hôtel. Elle avait à peine treize ans et avait
peur. Alors, pour ne pas être privée d'entraînement, la fillette se taisait. Des
années plus tard, brisée, l'ex-championne suivra une thérapie, puis racontera enfin ses
années noires dans un livre. Elle lui choisira un titre, Service volé , qu'elle publiera en 2007.
Aujourd'hui, elle assure aller bien. C'est, dit-elle, sa
plus belle victoire : "J'aurais pu bannir le tennis, m'en extraire
rapidement. J'ai eu le courage de continuer, je dirige mon propre club, je suis
toujours passionnée par ce sport. C'était le rêve de mon enfance " .
" J'adore être le loup dans la bergerie " disait-il
Après deux ans
d'enquête, Régis de Camaret a finalement été interpellé en février
- A son domicile, la police a découvert de nombreuses photos et films sur
lesquels les jeunes joueuses sont en partie nues. La plupart des joueuses, dont
certaines n'avaient que 12 ans au moment des faits, racontent les mêmes
dépressions, les mêmes anorexies, les mêmes sexualités bouleversées, les mêmes
tendances suicidaires.
Et presque toute la même
version des faits. Attouchements, viols à répétition. L'entraîneur,
rapportent-elles, utilisait, la nuit lorsqu'il s'introduisait dans leurs chambres,
la sinistre même phrase : "J'adore être le loup dans la bergerie" .
La
cour d'assise des Bouches-du-Rhône rendra son verdict le 23 novembre. Régis de
Camaret risque 20 ans de prison.
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