Prison : des discriminations pour les femmes derrière les barreaux
Les femmes détenues sont peu nombreuses par rapport aux hommes puisqu’elles représentent aujourd’hui 3,2% de la population en prison et 5 à 6% des centres de rétention administrative. Leur prise en charge n’est pas pour autant plus facile. Au contraire, selon Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui pointe des inégalités avec les hommes et préconise une forme de "mixité" contrôlée.
Une discrimination géographique
La première discrimination relevée pour les détenues découle de l'implantation des prisons puisque la plupart sont situées dans la moitié nord de la France. Ce déséquilibre géographique rend difficile le maintien des liens familiaux et amicaux. Il entraîne aussi une surpopulation carcérale difficile à réguler.
"Au 1er septembre 2015, aucun établissement pour peines n’existe au sein des directions interrégionales des services pénitentiaires de Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse (Marseille), d’Est-Strasbourg et de Toulouse."
43 prisons peuvent héberger des femmes et seulement deux établissements leur sont réservés, à Fleury-Mérogis et à Rennes. Cette offre limitée rend difficile l'accueil des mineures. Selon la contrôleure des lieux de privation de liberté, des mineures se retrouvent avec des majeures, sans pour autant que leurs conditions de détention soient adaptées à leur âge.
Par ailleurs, la CGLPL constate que globalement les femmes détenues vivent dans "des locaux plus réduits que ceux des hommes, avec des équipements plus sommaires et moins d'intervenants" .
La mixité préconisée
La contrôleure des prisons avance "la mixité" comme moyen de viser "l'égalité de traitement auxquelles les femmes détenues sont en droit de prétendre en matière d’accès aux activités, au travail et à la santé". Cette forme d'ouverture à des activités mixtes serait évidemment contrôlée et décidée au cas par cas.
Dans son avis datant du 25 janvier publié ce jeudi au Journal officiel, la CGLPL évoque les quelques rares ateliers communs offerts en France, ainsi qu'une expérience menée à Bordeaux-Gradignan, avec "un atelier en concession unique hommes-femmes (...) dont l’objectif est de permettre une égalité de traitement entre les hommes et les femmes" .
Au-delà d'une meilleure offre d'activités pour les détenues, la contrôleure des prisons estime que cette mixité représenterait un facteur de réintégration dans la société. Il s'agit, précise-t-elle dans son avis de "favoriser, au moment de la libération, un retour plus aisé dans la société, où la mixité est omniprésente et incontournable" .
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