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Nicolas Bonnemaison entre la vie et la mort : "Trop c'est trop, il a été poussé à bout"

L'ex-urgentiste bayonnais Nicolas Bonnemaison a tenté de mettre fin à ses jours. Condamné il y a une semaine à deux ans de prison avec sursis pour avoir donné la mort à une patiente en fin de vie, il a été retrouvé ce samedi matin inconscient dans son véhicule. Son pronostic vital est engagé.
Article rédigé par franceinfo
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  (Nicolas Bonnemaion à son arrivée au tribunal d'Angers le 13 octobre © Maxppp)
Sophie Parmentier, du service police/justice de France info, revient sur la tentative de suicide de l'ex-urgentiste Nicolas Bonnemaison, récemment condamné avec sursis. Elle répond à Catherine Pottier

Ce sont deux promeneurs qui ont retrouvé le docteur Bonnemaison dans sa voiture, samedi matin, dans une forêt des Landes, précisément à Tosse. Nicolas Bonnemaison, 54 ans, était inconscient. Des cachets ont été retrouvés à côté de lui, selon les informations de nos confrères de France Bleu Gascogne. Le docteur Bonnemaison a semble-t-il cherché à s'asphyxier avec les gaz d'échappement de sa voiture. Il avait relié le pot d'échappement à l'habitacle par un tuyau. Dans le véhicule du médecin a été retrouvée une lettre d'adieu à sa famille dans laquelle il parle "d'usure". Nicolas Bonnemaison a été très rapidement transféré par hélicoptère au CHU de Bordeaux où il est dans un état critique. Son pronostic vital est engagé.

Cette tentative de suicide intervient une semaine tout juste après le verdict de la cour d'assises du Maine-et-Loire, qui l’avait condamné à une peine de deux ans de prison avec sursis. C'est samedi dernier que les jurés d'Angers avaient rendu leur verdict dans le procès en appel, un an après le premier procès, à Pau. Les deux procès ont relancé en France le débat sur la fin de vie, encadré par la loi Léonetti, loi insuffisante aux yeux de plusieurs médecins qui avaient défilé à la barre pour témoigner de situations d'agonie insupportables auxquelles ils faisaient face.

Acquitté, puis rejugé aux assises et condamné 

A Pau, en juin 2014, Nicolas Bonnemaison avait été acquitté pour les sept cas d'empoisonnement qu'on lui reprochait. Il était accusé d'assassinat sur sept patients en fin de vie, mais il avait donc été innocenté par la Cour d'assises des Pyrénées Atlantiques. Il était d’ailleurs sorti du Palais de justice de Pau, sous les applaudissements émus de son comité de soutien, aux côtés de son épouse. Puis il y avait donc eu un appel du ministère public. Et lors du deuxième procès, à Angers, Nicolas Bonnemaison n'a pas été totalement innocenté. Il a été acquitté pour six des sept cas d'empoisonnement pour lesquels il était jugé. Mais pour le septième cas, pour le cas d'une vieille dame de 86 ans, Françoise Iramuno, morte brutalement après l'absorption d'un puissant sédatif injecté par le docteur Bonnemaison, les jurés d'Angers ont condamné l’ex-urgentiste de Bayonne à une peine de deux ans de prison avec du sursis.

 

A l’énoncé de ce verdict, Nicolas Bonnemaison était apparu impassible samedi dernier. Il avait discuté avec ses avocats, sans laisser paraître aucune émotion. Il s’était ensuite dit "soulagé ". Et dans les jours qui avaient suivi, ses avocats, maître Ducos Ader et maître Dupin avaient fait savoir qu'ils ne se pourvoiraient pas en cassation. Nicolas Bonnemaison abandonnait donc son combat judiciaire pour faire reconnaître son innocence. Une innocence qu'il a toujours clamée, lors du premier comme du deuxième procès. Il a toujours dit en tout cas qu'il n'avait pas voulu donner la mort pour "tuer ", qu'il avait juste injecté des puissants sédatifs, essentiellement de l'Hypnovel, pour "apaiser les souffrances " de ces sept patients en fin de vie. Dans son box d'accusés, il n'a cessé de marteler qu'il avait cherché à "soulager ", pas à "tuer ", face à des patients en toute fin de vie, même s'il a aussi reconnu des "torts ", il n'aurait jamais dû prendre ces décisions seul, sans le consentement des patients et l’accord de l’équipe médicale.

"La médecine c'est ma vie" (Nicolas Bonnemaison)

Avant le verdict du deuxième procès, dans ses derniers mots avant que la cour ne parte délibérer, Nicolas Bonnemaison a répété qu'il avait agi "en tant que médecin, je vous le dis en toute sincérité, la médecine c'est ma vie, les patients c'est ma vie et ils me manquent".

Nicolas Bonnemaison était tendu quand il avait prononcé ces mots, lui le fils de chirurgien, n'a jamais supporté d'être radié de l'ordre des Médecins. Une radiation demandée par l'Ordre avant même le premier procès lors duquel il avait été acquitté. Une radiation qui avait totalement anéanti Nicolas Bonnemaison, et s'il ne comptait pas se pourvoir en cassation après sa condamnation à Angers, il souhaitait la révision de cette radiation.

"Depuis qu'il a été radié, on lui a enlevé sa vie " (ami proche)

On peut ajouter que lors du second procès, il avait beaucoup été question de la personnalité fragile de Nicolas Bonnemaison, qui avait connu plusieurs épisodes de dépression depuis sa jeunesse, le premier avait eu lieu alors qu'il était encore étudiant en médecine, son père, chirurgien, venait alors de se suicider. Il y a une semaine encore, face aux jurés, Nicolas Bonnemaison assurait pourtant qu’il n’était "pas fragile ".

Mais "trop c’est trop, il a été poussé à bout ", réagit aujourd'hui Henri Dufau, l’un des meilleurs amis de Nicolas Bonnemaison et membre de son comité de soutien, qui s’est confié en exclusivité à France Info.

Henri Dufau, ami très de proche de Nicolas Bonnemaison, réagit au micro de Benjamin Illy
 

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