Montigny-lès-Metz : Henri Leclaire mis en examen pour meurtre
28 ans après l'affaire, il y a maintenant deux suspects en ce qui concerne le double meurtre d'enfants commis à Montigny-lès-Metz en 1986. Henri Leclaire a été mis en examen mardi pour meurtre à l'issue d'une audition de trois heures avec un juge d'instruction de Metz. Il rejoint le premier accusé dans cette affaire, Francis Heaulme, dont le procès avait été renvoyé il y a quatre mois, justement à cause de trop forts doutes sur la culpabilité d'Henri Leclaire.
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La mise en examen de ce manutentionnaire à la retraite, âgé de 65 ans, est loin d'être une surprise. Lui et son avocat étaient arrivés sans un mot mardi matin au Palais de justice, tout comme ils en sont repartis à l'issue de l'audition. Henri Leclaire en est ressorti libre avec un contrôle judiciaire qui lui fait obligation de se présenter au juge et de ne pas rencontrer les protagoniste du dossier.
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Le complice de Francis Heaulme ?
L'homme, qui travaillait à l'époque près des lieux où ont été tués les deux garçons âgés de 8 ans, est soupçonné d'avoir été complice de Francis Heaulme, lui-même déjà accusé du double crime. Les corps d'Alexandre Beckrich et de Cyril Beining avaient été retrouvés le dans la soirée du 28 septembre 1986 le crâne fracassé à coups de pierre sur le talus d'une voie ferrée proche de leur domicile, dans la banlieue de Metz.
Henri Leclaire s'était accusé lui-même du meurtre en 1986, avant de se rétracter. Ces aveux originels restent d'ailleurs un "boulet " selon son avocat. Alors chargé du nettoyage dans une imprimerie, Henri Leclaire s'était plusieurs fois querellé avec les enfants du quartier venant fouiller les papiers stockés dans les poubelles de l'entreprise.
"C'est très dur de passer d'un coupable à un autre" (Me Boh-Petit, avocate de Chantal Beining)
La mère de Cyril Beining, Chantal Beining, se demande pourquoi la justice a mis tant de temps à s'intéresser à Henri Leclaire, raconte son avocate Me Boh-Petit. Elle est "bouleversée" par ce nouveau rebondissement et se sent perdue. "On va appeler maintenant ce dossier 'Dils-Heaulme-Leclaire et moi là-dedans je dois faire le tri ", a-t-elle confié. Ce nouvel élément lui suggère que son fils a peut-être été tué par "deux personnes " et c'est "encore plus difficile ", estime Me Boh-Petit.
Deux témoignages clés
Lors du procès renvoyé de Francis Heaulme, en avril dernier, un cheminot avait dit avoir aperçu sur les voies ferrées, aux environs du lieu et de l'heure du crime, un homme portant un T-shirt tâché de sang qui lui ressemblait.
Mais surtout, une clerc d'avocat Christine Blindauer avait expliqué avoir recueilli les confidences spontanées d'Henri Leclaire. C'est ce témoignage qui avait fait basculer le procès. "Il m'a expliqué que les enfants gênaient son travail. Il était excédé. Il m'a dit : 'Je m'en suis pris à eux mais je ne les ai pas tués '", a-t-elle expliqué en décrivant un homme "rouge, suant, dans une espèce de transe ". Invité à corroborer le témoignage, Henri Leclaire avait contribué à alimenter le doute. "Ce qu'elle a dit, c'est vrai ", avait-il dit avant d'ajouter : "Mais ce que j'ai dit, c'était faux ".
"Il conteste toute implication"
"Il conteste formellement toute implication dans ce dossier ", a déclaré mardi son avocat Me Thomas Hellenbrand, selon qui cette mise en examen "permettra de démontrer de façon définitive qu'il est hors de cause dans cette affaire ". "Le seul problème de ce dossier, c'est ses aveux initiaux ", a-t-il répété.
"C'est au départ cette mauvaise justice qui s'exerçait en dehors de la présence de l'avocat qui a amené à cette catastrophe judiciaire, (avec) d'abord la condamnation de Patrick Dils et maintenant un procès dont on a du mal à sortir parce que les branches sont pourries ", a ajouté son avocat. Cette mise en examen est donc un énième rebondissement de cette affaire dans laquelle Patrick Dils avait été innoncenté en 2002 au terme de quinze années de prison.
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