Moines de Tibehirine : Sarkozy annonce la levée du secret défense
Le général François Buchwalter, attaché militaire à l'ambassade d'Alger à l'époque des faits, a déclaré le 25 juin dernier à un juge que, selon ses informations, les moines de Tibéhirine n'avaient pas été tués par des islamistes mais par l'armée algérienne lors de l'assaut d'un bivouac des insurgés. Les moines auraient été tués par erreur.
Les autorités algériennes, soutenues par Paris au plus fort de la guerre civile contre les islamistes, ont toujours désigné le groupe islamique armé (GIA) comme responsable du crime.
A cette époque, Jacques Chirac était à l'Elysée et Alain Juppé à Matignon. L'ambassade de France avait ordonné un "black-out" sur ces informations, a ajouté le général sur procès-verbal. Alain Juppé, interrogé mardi sur France Info, a dit ne pas avoir d'information sur cette affaire. "Je n'en sais pas plus que ce que lis dans la presse. Il faut faire confiance à la justice pour faire toute la lumière sur cette dramatique affaire", a-t-il déclaré.
"La justice doit avoir tous les documents"
"On ne peut pas dire que l'amitié entre les peuples et les pays peut résister au mensonge. Je suis vraiment déterminé à ce que la lumière soit faite", a encore dit le président français.
C’est une affaire qui a été "enterrée volontairement" par les autorités françaises, a affirmé l'ancien juge anti-terroriste et ex-député UMP de Haute-Vienne Alain Marsaud.
En 1996, M. Marsaud, ancien chef du Service central de lutte antiterroriste (SCLAT) du parquet de Paris, avait reçu dans son bureau de l'Assemblée nationale "la visite de quelqu'un qui se présentait comme étant un membre des services de renseignements algériens". Ce visiteur envoyé par un officier français était venu lui "expliquer que l'affaire des moines était beaucoup plus compliquée qu'on ne le disait et qu'il ne s'agissait pas d'une opération GIA (Groupe islamiste armée, ndlr) avec enlèvement et assassinat, mais d'une opération montée par les services algériens ou par l'armée algérienne", a indiqué M. Marsaud.
A la suite de ces révélations, M. Marsaud affirme avoir adressé deux lettres au Garde des Sceaux de l'époque, Jacques Toubon, "pour lui demander l'ouverture d'une information judiciaire". Mais M. Toubon lui avait déclaré plus tard, "dans une conversation à l'Assemblée nationale (...), qu'il n'était pas question d'ouvrir une information", a raconté l'ancien parlementaire. M. Marsaud a indiqué cette attitude de la France s'expliquait par le fait qu'elle ait été frappée en 1995 par des attentats revendiqués par le GIA. "La France dans cette affaire a préféré les bonnes relations avec le gouvernement algérien pour préserver la paix publique en France, c'est tout", a-t-il déploré.
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