Mégaprojets de TotalEnergies en Afrique : les Amis de la Terre réclament "réparation puisque les violations ont eu lieu"
"Avec cette nouvelle action, on est dans une action en réparation puisque les violations ont eu lieu", a expliqué mardi 27 juin sur franceinfo Juliette Renaud, responsable de campagne à l’association Les Amis de la Terre. Elle assigne de nouveau TotalEnergies en justice pour "violation des droits humains" causées par les projets pétroliers EACop (East african crude oil pipeline), un oléoduc chauffé de 1 500 km jusqu'à la côte tanzanienne, et Tilenga, un forage en Ouganda empiétant sur le parc naturel des Murchison Falls.
Les Amis de la Terre "reprochent un grand nombre de violations à Total", liées notamment à "l'accaparement des terres de plus 118 000 personnes expropriées totalement ou partiellement". "On demande au tribunal de reconnaître la responsabilité civile de Total et de condamner [le groupe] à réparer ces préjudices", poursuit Juliette Renaud.
franceinfo : Que reprochez-vous à TotalEnergies ?
Juliette Renaud : On reproche un grand nombre de violations qui sont principalement liées à l'accaparement des terres de dizaines de milliers de personnes en Ouganda et en Tanzanie. Il y a 26 membres des communautés ougandaises qui demandent réparation. Elles ont été privées de la libre utilisation de leurs terres avant même de recevoir une compensation et ont dû céder leurs terres à la suite de pressions et intimidations sans leur consentement.
"Il leur était interdit de cultiver leurs terres pendant plus de trois ou quatre ans. Tout cela a mené à une violation de leur droit à une alimentation suffisante. Ce qui a provoqué une grave pénurie alimentaire."
Juliette Renaud, les Amis de la Terreà franceinfo
Par ailleurs, les premiers travaux pour construire l'usine de traitement de pétrole ont causé des inondations répétées depuis l'année dernière. Un certain nombre de ces communautés et des associations ont subi des menaces et du harcèlement, des arrestations et donc des violations à leurs droits à la liberté d'expression et d'opinion.
Ces intimidations ont été commises par qui ?
Elles sont le fait des autorités locales, de la police ougandaise mais aussi de salariés de Total et des sous-traitants. C'est un harcèlement dû au seul fait qu'ils osent critiquer les projets pétroliers. Même dans les cas d'intimidations, de pressions et des arrestations faites par les autorités ougandaises, il y a une responsabilité de Total et c'est cette responsabilité qu'on recherche. Total dans son devoir de vigilance à l'obligation d'identifier et de prévenir les risques de violations de droits humains et des libertés fondamentales. Cette liberté d'expression en fait partie.
TotalEnergies de son côté dit que son plan de vigilance est mis en œuvre ?
C'est exactement ce que l'on conteste. On s'attache à démontrer tout au long de l'assignation que Total n'a pas identifié les risques relatifs aux violations des droits humains qui sont liés à ces projets dans son plan de vigilance. Or, ces risques étaient parfaitement identifiables avant même de se lancer dans ces projets qui entraînent des actes d'expropriation massive dans deux pays autoritaires l'Ouganda et la Tanzanie.
"Tout cela affecte plus de 118 000 personnes qui sont expropriées totalement ou partiellement de leurs terres pour faire place à ces projets pétroliers."
Juliette Renaud, les Amis de la Terreà franceinfo
Maintenant que le processus de compensation est en cours et que certains ont reçu leur compensation, celle-ci est insuffisante pour acheter des terres équivalentes. On est avec cette nouvelle action dans une action en réparation puisque les violations ont eu lieu. On demande au tribunal de reconnaître la responsabilité civile de Total et de condamner [le groupe] à réparer ces préjudices.
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