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Limoges : l’enseignante accusée de maltraitance relaxée, le parquet fait appel

Le tribunal correctionnel de Limoges a relaxé l'institutrice et ancienne directrice de l'école maternelle de Feytiat qui était poursuivie pour des violences physiques et psychologique sur des enfants de 3 à 5 ans. Le parquet a fait appel de la décision.
Article rédigé par franceinfo
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  (L'annonce de la relaxe de la directrice a suscité la stupéfaction du personnel de l'école de Feytiat © Maxppp)

L'ancienne directrice de l'école maternelle de Feytiat, près de Limoges, en Haute-Vienne, soupçonnée de violences physiques et morales sur 24 de ses élèves de maternelle âgés de 3 à 5 ans, a été relaxée vendredi par le tribunal correctionnel de Limoges.

 

Lors de l'audience, début décembre, l'enseignante de 49 ans avait défendu une simple méthode éducative et des recadrages parfois vifs, mais elle avait nié en bloc toute maltraitance. Elle se disait victime d'une machination.

Ma cliente est sans doute professionnellement exigeante, mais elle n’est certainement pas violente

Son avocat, Me Emmanuel Reynal, est donc satisfait de cette relaxe, qui s'imposait selon lui : "Il ne s’agit pas de remettre en cause la parole d’enfants de trois ans, qui sont extrêmement jeunes, et qui n’analysent pas forcément les choses avec le recul nécessaire. Mais l’analyse de leur parole et l’enquête qui s’imposait n’ont pas été suffisamment approfondis pour déterminer la frontière entre leur ressenti et la réalité du dossier. Ma cliente est sans doute professionnellement exigeante, mais elle n’est certainement pas violente. Elle est par ailleurs académiquement très bien notée et exerce ce métier depuis vingt ans. "

 

"Ma cliente est exigeante mais pas violente" - Me E.Reynal

Sandrine, dont le petit garçon s'était plaint de l'institutrice, s'est effondrée à l'annonce du jugement : "Je suis dégoutée , témoigne-t-elle, la gorge nouée. Ce sont nos petits qui sont touchés… Il n’y a plus d’humanité, plus rien : nous n’avons rien inventé ! Ce n’était pas pour le plaisir d’être contre quelqu’un : des choses horribles ont été faites sur des enfants. Je ne demande pas de prison, ni rien. Juste qu’elle ne puisse plus travailler avec des enfants, elle n’en est pas capable. Là, il n’y a rien… "

 

"Je suis dégoutée" - Sandrine

Le parquet a immédiatement fait appel de la décision

Le parquet avait requis un an de prison avec sursis et l'interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole auprès de mineurs de 15 ans pendant une période de trois ans. L'institutrice ne devrait toutefois pas retrouver une classe tout de suite car le parquet a immédiatement fait appel de sa relaxe. L'inspection d'académie devrait donc prolonger sa suspension, dans l'attente d'un jugement définitif.

Douze plaintes de parents d'élèves

Le tribunal a écarté une partie des faits visés, antérieurs à 2012, considérant que la période était prescrite. Pour la période du 27 février 2012 à début 2015, le tribunal n'a pas suivi le parquet, considérant que les faits ne relevaient pas de violences physiques et morales commises par une personne ayant autorité sur des mineurs de moins de 15 ans, pour lesquelles l'enseignante de 49 ans était jugée. Au total, les enquêteurs avaient examiné douze plaintes de parents d'élèves, étayées par des témoignages de médecins et de personnels enseignants et techniques ayant travaillé dans l'entourage proche de cette enseignante. 

Refus de manger, terreurs nocturnes 

Les enfants avaient raconté notamment avoir été "secoués", traités de "nuls", de "nouilles", "d'incapables", et même avoir été "giflés", "bousculés", enfermés dans le dortoir plusieurs heures, seuls, ou dans le "placard aux sorcières". L'affaire éclate au début de l'été 2015 quand des parents alertent la hiérarchie de l'intéressée après avoir constaté la dégradation du comportement de leurs enfants : peur irrationnelle, refus de manger, terreurs nocturnes, draps souillés... Ils avaient alerté la hiérarchie de l'intéressée. En l'absence de sanctions disciplinaires, ils avaient pris la décision de porter plainte en février 2015.

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