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Les personnages-clés de l'affaire Bettencourt

PORTRAITS | Le volet politique de l'affaire Bettencourt concerne notamment le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. La justice s'intéresse aussi aux relations entre l'ancien président de la République et le juge Courroye, ex-procureur de Nanterre, dont la juridiction a été – un temps – chargée de l'affaire. Qui sont les protagonistes de ce volet ?
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Radio France)

Âgée désormais de 90 ans, l'héritière des cosmétiques l'Oréal est la troisième fortune de France. L'affaire "Bettencourt" a commencé par une
plainte de sa fille Françoise Meyers-Bettencourt qui accuse le photographe François-Marie
Bannier d'abus de faiblesse. Proche de Liliane Bettencourt, il aurait reçu d'elle jusqu'à un milliard de dons divers. Au fil des ans, l'affaire familiale s'est transformée
en affaire politico-financière. Des responsables politiques seraient venus récupérer de l'argent chez la milliardaire. Les noms de Nicolas Sarkozy et Éric Woerth, trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ont notamment été avancés. 

C'est l'un des hommes-clés de cette affaire. Ancien
gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, il est soupçonné d'avoir
demandé à Claire Thibout – la comptable de la milliardaire – de retirer 150.000
euros à remettre à Éric Woerth pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce
qu'il nie.
Par ailleurs, il est soupçonné d'avoir facilité l'embauche de la femme d'Eric Woerth au sein de la société Clymène chargée de gérer l'argent reversé par
l'Oréal à la famille Bettencourt. En échange, Éric Woerth lui aurait fait obtenir la Légion d'honneur.
Patrice de Maistre a été mis en examen pour
trafic d'influence actif. Il est pour l'instant le seul protagoniste du dossier
à avoir fait de la prison où il est resté 88 jours. Il a été libéré en échange
d'une importante caution.

L'ex-comptable des Bettencourt a affirmé à la police le 5
juillet 2010 que Patrice de Maistre lui avait réclamé de mettre 150.000 euros à
la disposition d'Éric Woerth
, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Elle a toujours dit qu'elle lui avait finalement remis 50.000 euros en liquide. Claire Thibout a toujours nié avoir eu affaire directement à Éric Woerth. Selon des
extraits de procès-verbaux d'audition, le juge Gentil semble plutôt persuadé
de la bonne foi de Claire Thibout. Une affaire qui a"flingué sa vie" , explique Claire Thibout dans une interview au Monde .

Éric Woerth a été le trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy, son ministre du Budget puis du Travail. Il est soupçonné d'avoir reçu de l'argent de Liliane Bettencourt pour financer la campagne de celui qui sera président de la République. Il est également accusé de trafic d'influence pour avoir remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. Après avoir été mis en cause, il quitte son poste de trésorier de l'UMP en juillet 2010 puis le gouvernement en novembre de la même année.
En février 2012, il a été mis en examen pour trafic d'influence passif puis pour recel de financement illicite de parti politique. 

Depuis qu'il n'est plus président de la République, Nicolas
Sarkozy est redevenu un justiciable comme un autre. Début juillet, le juge
Gentil a mené des perquisitions à son domicile et dans ses bureaux. Le
juge semble certain que Nicolas Sarkozy a bénéficié d'argent en espèces pour
financer sa campagne de 2007. Il semble également convaincu que le début de
l'affaire Bettencourt a fait souffler un vent de panique à l'Élysée et que
Nicolas Sarkozy a surveillé de très près ce dossier, grâce notamment à sa
proximité avec Philippe Courroye. Ainsi, élément troublant, le juge Gentil a
trouvé la trace de huit rencontres entre les deux hommes aux moments-clés de
l'affaire
. Le 22 novembre, après avoir été entendu 12 heures par le juge, Nicolas Sarkozy est placé sous statut de témoin assisté. Le 21 mars, il est mis en examen pour abus de faiblesse par le juge Gentil.

Procureur de Nanterre, Philippe Courroye était en poste au moment des instructions par sa juridiction des volets abus de faiblesse et politique de l'affaire. Fin 2010, son tribunal sera dessaisi au profit de trois juges bordelais.
Depuis, Philippe Courroye est partie prenante de
l'affaire. Il a été convoqué par le juge Gentil en tant que témoin. Le juge
bordelais essaye de savoir si l'Élysée a tenté de peser sur cette affaire. Philippe Courroye a toujours affirmé connaître Nicolas Sarkozy depuis une
douzaine d'années, le voir régulièrement pour évoquer des sujets généraux et
institutionnels mais ne jamais avoir discuté du dossier avec l'ancien président
de la République ou ses conseillers.

L'affaire Bettencourt s'est transformée en véritable cauchemar
pour Philippe Courroye qui fait l'objet de poursuites judiciaires et
disciplinaires pour avoir fait saisir des fadettes de journalistes du monde.
Il a été muté à Paris comme avocat général, contre son gré.  

Aussi pugnace que discret, le juge d'instruction bordelais
Jean-Michel Gentil a hérité du dossier Bettencourt à la fin de l'année 2010. À
52 ans, il mène les investigations d'une main de fer. Réputé inflexible,
Jean-Michel Gentil a multiplié les mises en examen, les perquisitions, les
confrontations. Il a également placé en détention Patrice de Maistre. C'est lui
qui a décidé de convoquer Nicolas Sarkozy.
Jean-Michel Gentil s'était fait connaître en 1998 lorsqu'il
était sorti de l'ombre pour combattre la réforme de la justice d'Élisabeth
Guigou. 
Lorsqu'il a hérité de l'affaire, Jean-Michel Gentil – qui
travaille avec Cécile Ramonatxo et Valérie Noël dans le sous-sol du Palais de justice
de Bordeaux – a fait installer des armoires fortes et des vitres opaques pour
décourager les curieux. 

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