Les étrangers jugés au bout des pistes de l'aéroport de Roissy
La première des deux annexes
de tribunaux installés près de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle a commencé
à statuer ce lundi sur le sort des migrants enfermés dans le plus grand centre
de rétention administratif du territoire.
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Finies les salles d'audiences du
tribunal de Meaux, c'est donc désormais dans cette salle construite entre un
champ de maïs et une caserne de CRS que les étrangers en situation irrégulière
sauront s'ils sont expulsés. D'après l'administration, cette nouvelle salle
permet d'éviter de fastidieux transferts d'une trentaine de kilomètres pour une
audience.
"Violations des principes du droit "
Ce
lundi matin, un Sénégalais de trente ans est donc entré dans cette salle aux
vitres de verre dépoli entre plusieurs agents de la police de l'air et des
frontières. Et c'est au nom de ces conditions de comparution que son avocat a
réclamé la libération de son client.
Pour Patrick Berdugo, "des violations
des principes généraux du droit grèvent cette procédure d'irrégularité ".
Pourquoi ? La publicité des débats serait menacée dans cette salle difficile
d'accès en transports en commun. Deuxième argument : contrairement à un
tribunal normal, il n'y a pas "d'apparence d'impartialité " dans cette
nouvelle salle.
"Le lieu de la justice n'est pas anodin "
Une ligne d'attaque reprise par la plupart des nombreux militants
associatifs qui ont fait le déplacement ce lundi dans la pièce grande comme une
salle de classe. L'Observatoire de
l'enfermement des étrangers dénonce ainsi "l'isolement d'une justice
rendue loin des tribunaux et sous le seul regard de l'administration et des
forces de l'ordre ". Pour le collectif qui regroupe une vingtaine
d'associations dont la Cimade ou la Ligue des droits de l'Homme, cette nouvelle
salle ressemble surtout à "une justice d'exception ".
De son côté, la ministre de la Justice avait reconnu début
septembre que le "lieu où l'on rend la justice n'est pas anodin ".
Plusieurs députés socialistes ont également appelé à renoncer à utiliser ces
locaux. Mais Christiane Taubira a répondu que ce projet avait été lancé par la
précédente majorité et que l'Etat y a déjà investi 2,7 millions d'euros.
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