Le "comptable" d'Auschwitz devant la justice, le dernier procès d'un nazi
Oskar Gröning restera peut-être dans l’Histoire comme le dernier SS jugé par l’Allemagne. Si le procès de cet homme de 93 ans a lieu si tardivement, c’est parce que pendant longtemps, la justice allemande n’a poursuivi que les nazis dont la participation directe à des crimes pouvait être prouvée. Mais depuis 2011 et la condamnation d’un ancien garde de Sobibor, même les auxiliaires de la solution finale ne sont plus à l’abri.
Oskar Gröning est le seul à pouvoir encore comparaître. De 1942 à 1944, à Auschwitz, on l’appelait "le comptable" car il était chargé de récolter l’argent des déportés à l’arrivée des convois. Une activité suffisante pour l’accusation. Oskar Gröning est donc poursuivi pour complicité dans l’assassinat de 300.000 juifs pendant l’été 1944.
"Pour moi, il ne fait aucun doute que je partage une culpabilité morale"
A l'ouverture de son procès, il a demandé "pardon" aux victimes. "Pour moi, il ne fait aucun doute que je partage une culpabilité morale. Je demande pardon. Concernant la question de la responsabilité pénale c'est à vous de décider." Oskar Gröning se considère comme un repenti, un témoin de la Shoah, beaucoup plus que comme un coupable. Pour lui, il se doit de transmettre cette histoire pour faire taire les négationnistes. C'est ainsi qu'il a écrit ses mémoires, avant de témoigner en 2003 dans un documentaire de la BBC et dans la presse allemande.
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Gröning pour Wieviorka : "Un petit élément de cette immense machine"
"Oskar Gröning n’a certainement pas été le comptable d’Auschwitz. Quand on dit cela on lui donne une fonction extrêmement aisée alors qu’il a été simplement un de ceux qui s’est occupé des biens des déportés. Il a fait partie de tous ces jeunes allemands qui ont servi dans les camps de concentration ou dans les centres d’assassinat des juifs. Il a été un petit élément de cette immense machine avec beaucoup d’autres " a expliqué sur France info Annette Wieviorka, historienne spécialiste de la Shoah et de l'histoire des Juifs au XX siècle, directrice de recherche émérite au CNRS. Elle est donc très réservée sur ce procès. "Je ne vois pas, pour ma part, qu’il y ait un intérêt historique et je me demande si l’intérêt moral est si grand à juger ces gens. C’est une justice tardive, sans témoin et avec une administration de la preuve très difficile".
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