La police s'inquiète de l'usage croissant de faux billets de cinéma pour de vrais achats
Cette "movie money" s'achète facilement en ligne, et les sanctions encourues par ceux qui s'en servent sont bien plus faibles que celles des faux-monnayeurs classiques.
Cela semble trop gros pour être vrai, et pourtant : la police s'inquiète de la mise en circulation de plus en plus importante de faux billets de cinéma, que certains utilisent pour régler leurs achats. L'adjoint au chef de l'Office central pour la répression du faux-monnayage (OCRFM) donne l'alerte auprès de l'AFP, vendredi 19 juillet.
"C'est apparu en Europe vers avril. Ca a commencé par quelques exemplaires, maintenant on en a plusieurs milliers", explique Alain Bateau.
Ces billets factices, destinés à servir d'accessoires sur les tournages, s'achètent facilement en ligne "sur des sites chinois comme Aliexpress" pour un prix dérisoire, "moins de 10 euros les 100 exemplaires", précise le commandant. Ils sont écoulés par leurs acheteurs "essentiellement dans les petits commerces ou les fast-foods".
Une centaine d'enquêtes ouvertes en France
Des inscriptions indiquent que ces billets sont des faux : dans le coin supérieur gauche, sous le drapeau de l'Union européenne, on peut ainsi lire la mention "Movie money", à la place de la signature du patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi. Dans une marge, figure aussi la phrase: "This is not legal. It's to be used for motion props" ("Ce billet n'a pas cours légal. Son utilisation est réservée au cinéma").
Les coupures, essentiellement bleues et orange des billets de 20 et 50 euros, présentent également une bande holographique et des filigranes de piètre qualité, selon Alain Bateau. "Avec un minimum d'attention, on s'aperçoit rapidement qu'il s'agit de billets grossièrement imités", estime-t-il, ce qui n'empêche pas certains commerçants d'être bernés.
Au moins "une centaine d'enquêtes" ont été ouvertes et des personnes ont été interpellées à la suite de colis interceptés par les douanes. La France est le pays d'Europe le plus touché : c'est là que circule 42% de la "movie money" du continent, selon le numéro 2 de l'OCRFM.
Les mentions "accessoires" qui figurent sur ces billets permettent à leurs fabricants d'échapper aux 30 ans de réclusion criminelle et aux 450 000 euros d'amende encourus en France par les faux-monnayeurs classiques. Ils ne risquent qu'une peine d'un an de prison et de 15 000 euros car les coupures "font la même taille que les vrais euros", explique Alain Bateau.
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