La petite cuisine interne des sondages payés par l'Elysée
C'est sous couvert de l'anonymat que des journalistes du Figaro décrivent l'arrière-cuisine de ces sondages.
Les études sont réalisées par Opinionway, mais en liaison étroite avec un certain Patrick Buisson, conseiller influent de Nicolas Sarkozy, qui ne fait pas partie du cabinet officiel. Ce très bon connaisseur des enquêtes d'opinion, qui a d'ailleurs collaboré au Figaro et à LCI, est maintenant directeur de la chaîne Histoire, filiale de TF1. C'est lui qui travaille à la formulation des questions, très orientées, selon les détracteurs d'Opinionway, exemples à l'appui.
Une étude sur le travail du dimanche, commandée par l'Elysée, révèle ainsi que les deux tiers des Français y sont favorables. Les résultats du sondage arrivent directement sur le bureau d'Etienne Mougeotte, aujourd'hui directeur des rédactions du Figaro, après 20 ans passés à TF1. Et l'enquête se retrouve dare-dare dans les colonnes du quotidien :
"On la découvre dans le journal, sans en avoir jamais parlé en réunion de rédaction ", confie un journaliste.
La commission des sondages ne trouve rien à redire. Elle vérifie les mentions légales : méthode utilisée, date et commanditaire, tout en reconnaissant que le commanditaire n'est pas forcément le payeur.
De son côté, la société des rédacteurs du Figaro va demander à Etienne Mougeotte de s'expliquer.
Joint par France Info, l'intéressé affirme que "tous les sondages publiés par Le Figaro sont payés par le Le Figaro" .
Sur un total de 35 études payées par la présidence - dans le cadre d'un contrat annuel de 1,5 million d'euros avec Opinionway - la Cour des Comptes relève que 15 d'entre elles ont ensuite été publiées dans la presse.
Ce qui conduit à "mettre en doute l'intérêt de telles commandes ", écrivent les services de Philippe Seguin.
La Cour note par ailleurs que ce contrat a été conclu sans aucune mise en concurrence, pourtant obligatoire, et qu'il a généré au total 130 factures en 2008, outre des honoraires mensuels fixes de 10.000 euros pour le cabinet.
Dans sa lettre à Nicolas Sarkozy, le premier président de la Cour des Comptes Philippe Séguin souligne le caractère "très succinct de la convention entre Elysée et Opinionway (une seule page) mais également exorbitant au regard des règles de l'exécution de la dépense publique" .
Pour seule réponse, l'Elysée fait savoir que les enquêtes commandées seront désormais "exclusives et confidentielles" .
De son côté, OpinionWay refuse toute interview à notre micro, mais pulbie par communiqué démenti et précisions sur cette affaire (lire encadré ci-dessous).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.