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Jean-Claude Mas, itinéraire d'un entrepreneur sans scrupules

PORTRAIT | La société PIP s'est hissée au troisième rang mondial du secteur des prothèses mammaires, garantissant la fortune de son fondateur, avant que le scandale n'éclate. Retour sur le parcours d'un personnage pour le moins controversé.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

"Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait
car le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité"
. Même devant les gendarmes, Jean-Claude Mas ne perd pas son aplomb. Sa société, PIP, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Une information judiciaire est ouverte depuis décembre, pour "homicide et blessures involontaires" ; avant une mise en examen à venir ?

Jean-Claude Mas, c'est donc l'histoire d'un self-made man à la française. Une belle histoire si l'on veut, d'un homme parti de rien, qui a porté sa société, Prothèse Implant Prothèse, au troisième rang mondial. Un représentant de commerce qui a tout vendu, ou presque : du vin, du cognac, du saucisson, des médicaments.

Il fonde PIP en 1991

Né en 1939 à Tarbes, après une scolarité médiocre, sa carrière commence d'ailleurs vraiment comme délégué médical chez Bristol-Myers Squibb, en 1970. Il y reste dix ans. Se fait virer - ou quitte le laboratoire de lui-même, selon les versions. Toujours est-il qu'il rencontre alors un chirurgien esthétique de Toulon, Henri Arion. Tous deux créent une première société d'implants, Simaplast, qui deviendra MAP.

En 1991, Arion meurt dans un accident d'avion. Jean-Claude Mas fonde PIP. L'entreprise connaît une belle croissance, compte jusqu'à 120 salariés, et se développe notamment sur le marché latino-américain.

Au début des années 2000 le scandale des prothèses siliconées éclate. Mas invente alors un hydrogel, constitué à 90% de sérum physiologique et d'un gélifiant. Succès immédiat. Il crée ensuite des prothèses asymétriques ; nouveau succès.

Le scandale de l'emploi d'un gel frauduleux

Le temps se gâte en 2006-2007. Des tribunaux britanniques condamnent PIP à verser 1,4 million d'euros à une centaine de femmes, pour des ruptures anormales de prothèses. C'est le début de la fin : un salarié, en conflit avec la société, dénonce anonymement l'emploi d'un gel frauduleux. Une inspection des autorités sanitaires aboutit à la liquidation judiciaire, en mars 2010.

Depuis, les enquêteurs n'en finissent plus de démêler l'écheveau. PIP était contrôlée depuis 1998 par deux sociétés-écrans au Luxembourg, Milo Finance et Penny Holding, aujourd'hui en liquidation. En 2003, l'entreprise avait été vendue à l'américain Heritage Worldwide. Sauf que derrière on retrouve ces mêmes société luxembourgeoises, et que Jean-Claude Mas était resté président du conseil de surveillance...

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