"Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment faitcar le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité" . Même devant les gendarmes, Jean-Claude Mas ne perd pas son aplomb. Sa société, PIP, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Une information judiciaire est ouverte depuis décembre, pour "homicide et blessures involontaires" ; avant une mise en examen à venir ?Jean-Claude Mas, c'est donc l'histoire d'un self-made man à la française. Une belle histoire si l'on veut, d'un homme parti de rien, qui a porté sa société, Prothèse Implant Prothèse, au troisième rang mondial. Un représentant de commerce qui a tout vendu, ou presque : du vin, du cognac, du saucisson, des médicaments.Il fonde PIP en 1991Né en 1939 à Tarbes, après une scolarité médiocre, sa carrière commence d'ailleurs vraiment comme délégué médical chez Bristol-Myers Squibb, en 1970. Il y reste dix ans. Se fait virer - ou quitte le laboratoire de lui-même, selon les versions. Toujours est-il qu'il rencontre alors un chirurgien esthétique de Toulon, Henri Arion. Tous deux créent une première société d'implants, Simaplast, qui deviendra MAP.En 1991, Arion meurt dans un accident d'avion. Jean-Claude Mas fonde PIP. L'entreprise connaît une belle croissance, compte jusqu'à 120 salariés, et se développe notamment sur le marché latino-américain.Au début des années 2000 le scandale des prothèses siliconées éclate. Mas invente alors un hydrogel, constitué à 90% de sérum physiologique et d'un gélifiant. Succès immédiat. Il crée ensuite des prothèses asymétriques ; nouveau succès.Le scandale de l'emploi d'un gel frauduleuxLe temps se gâte en 2006-2007. Des tribunaux britanniques condamnent PIP à verser 1,4 million d'euros à une centaine de femmes, pour des ruptures anormales de prothèses. C'est le début de la fin : un salarié, en conflit avec la société, dénonce anonymement l'emploi d'un gel frauduleux. Une inspection des autorités sanitaires aboutit à la liquidation judiciaire, en mars 2010.Depuis, les enquêteurs n'en finissent plus de démêler l'écheveau. PIP était contrôlée depuis 1998 par deux sociétés-écrans au Luxembourg, Milo Finance et Penny Holding, aujourd'hui en liquidation. En 2003, l'entreprise avait été vendue à l'américain Heritage Worldwide. Sauf que derrière on retrouve ces mêmes société luxembourgeoises, et que Jean-Claude Mas était resté président du conseil de surveillance...