Implantation de TotalEnergies à Polytechnique : le Parquet national financier a classé sans suite l'enquête visant Patrick Pouyanné

L'enquête avait été ouverte après le signalement de trois associations, dont Anticor, pour "prise illégale d'intérêts et favoritisme, complicité et recel", contre le PDG de Total, Patrick Pouyanné.
Article rédigé par franceinfo
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Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors d'une conférence entre chefs d'entreprises français, le 29 août 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Le Parquet national financier a classé sans suite l'enquête préliminaire pour "prise illégale d'intérêts et favoritisme, complicité et recel" contre le PDG de Total Patrick Pouyanné, a indiqué mardi 27 août le PNF, sollicité par franceinfo. Elle avait été ouverte après le signalement de trois associations Greenpeace France, Anticor et La Sphinx. Ces dernières dénonçaient le projet d'implantation, par la suite abandonné en 2022, d'un bâtiment du groupe pétrolier sur le campus essonnien de l'École polytechnique. Elles reprochaient au PDG du géant pétrolier, qui est aussi membre du conseil d'administration de Polytechnique, d'avoir profité de sa fonction pour imposer le projet de construction d'un bâtiment de recherche de son entreprise au sein de l'École polytechnique.

Le Parquet s'est penché sur un conseil d'administration du 20 avril 2020, auquel a participé Patrick Pouyanné. Il en a conclu que son intervention ne constituait pas "un délit de prise illégale d’intérêts" compte tenu "du caractère très limité de son intervention" et "de la transparence de cette prise de parole". "Il n’existait aucune ambiguïté sur la qualité de M. Pouyanné au moment de l’intervention, celui-ci s’exprimant de manière explicite en sa qualité de PDG de Total", poursuit le PNF. 

Pour justifier sa décision, le Parquet évoque également "la nécessité qu’il y avait pour un représentant de Total à intervenir au conseil d’administration afin de permettre d’éclairer les autres administrateurs sur les choix qu’ils auraient à faire". Il rappelle aussi que "le cadre de cette intervention a été fixé par le président du conseil d’administration de l’École", et que Patrick Pouyanné n'est pas intervenu, ni a participé aux débats et votes "concernant le projet d’implantation" au cours de ce conseil d'administration.

Les associations "déplorent" le classement sans suite

De leur côté, Greenpeace France, Anticor et La Sphinx "déplorent" le classement sans suite de leur plainte. Les associations plaignantes, dont La Sphinx, qui est une association regroupant des élèves et anciens élèves de l’École polytechnique, se disent "extrêmement surprises" qu'à l'issue de son enquête, le PNF "ait considéré les infractions dénoncées insuffisamment caractérisées".

Les associations "regrettent qu’un dossier visant une personnalité particulièrement influente, une multinationale française et une institution publique de premier plan, n’ait pas conduit à la désignation d’un juge d’instruction indépendant du pouvoir exécutif". Anticor, La Sphinx et Greenpeace France réfléchissent au dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile afin que soit désigné un juge d’instruction.

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