Hormone de croissance : les deux professionnels relaxés malgré des "fautes"
Entre 1983 et 1985, 1 698 enfants en insuffisance hormonale ont été traités par injection à partir de prélèvements contaminés. Au terme de longues souffrances, 120 d'entre eux sont morts et d'autres risquent encore de tomber malades.
Trente ans plus tard, deux scientifiques ont été relaxés lundi : un homme de 93 ans qui travaillait à l'Institut Pasteur et une pédiatre de 66 ans. La cour d'appel de Paris a bien reconnu des "imprudences" et des "négligences" mais dans l'exercice de leur fonction. Ce qui signfie que leur responsabilité civile n'est pas engagée. Les familles des victimes, 21 parties civiles, qui réclamaient un montant total d'environ 10 millions d'euros, ne peuvent donc pas prétendre à une réparation financière
Ce sont des fautes commises dans le cadre de leur mission donc ne sont pas civilement responsables #hormone de croissance
— corinne audouin (@cocale) January 25, 2016
En fait, les hormones injectées aux enfants étaient fabriquées à partir d'hypophyses prélevées par l'association France Hypophyse sur des cadavres dans des hôpitaux. Le laboratoire URIA, qui était rattaché à l'Institut Pasteur, élaborait une poudre en partant de ces hypophyses.
En 1991, des parents portent plainte, leur enfant étant atteint de la maladie de Creutzfeld-Jakob après avoir reçu le traitement à base d'hormone de croissance. L'enquête montrera que parmi les cadavres prélevés pour fabriquer cette hormone, certains étaient effectivement infectés par la maladie de Creutzfeld-Jakob.
"Un naufrage judiciaire"
C'est donc le directeur de l'époque du laboratoire Uria et la responsable de France Hypophyse, âgée aujourd'hui de 66 ans, qui viennent d'être relaxés. Et pour leurs avocats, cette décision de justice laisse un goût amer pour l'issue d'une affaire qui aura "brisé la vie " de leurs clients. "C'est un naufrage judiciaire de plus " a déclaré l'un de leurs avocats. Quant aux parties civiles, elles disent ne pas comprendre cette décision, à l'image de Béatrice Demaret :
"Les mots me manquent. C'est un scandale supplémentaire, une honte (...). La justice de la France ne sort pas grandie de cet épisode"
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