Guérini porte plainte contre Montebourg pour "recel de violation du secret de l'instruction"
MARSEILLE - Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône attaque le ministre, qu'il accuse d'avoir transmis au PS des documents issus d'une information judiciaire ouverte à Marseille et impliquant l'élu marseillais.
Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, va porter plainte contre le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a-t-on appris vendredi 8 juin. Il l'accuse de "recel de violation du secret de l'instruction".
Il s'agit d'une "plainte avec constitution de partie civile", a précisé l'avocat de l'élu marseillais, Dominique Mattei, confirmant une information du Monde.fr. Selon l'avocat, elle doit être déposée vendredi auprès du doyen des juges d'instruction au tribunal de grande instance de Paris. Cette procédure constitue une nouvelle offensive du ténor marseillais dans la guerre que les deux hommes se mènent : Montebourg, souvent grimé en "chevalier blanc", contre Guérini, sa bête noire.
• Round 1 : l'affaire Guérini éclate
Le 2 février 2009, une lettre anonyme est envoyée au parquet de Marseille. Elle dénonce un "système" ayant pour objet de "détourner des sommes considérables" à l’aide d’un "puissant réseau d’influence" avec, à sa tête, un chef d'entreprise, Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël, le président de la fédération PS des Bouches-du-Rhône. La justice enquête dès lors sur une fraude présumée aux marchés publics dans le département, cherchant notamment à savoir si Jean-Noël Guérini a favorisé son frère dans l’attribution de marchés publics pour le ramassage et le traitement de déchets dans le département.
Le 8 septembre 2011, Jean-Noël Guérini est mis en examen pour "prise illégale d'intérêts", "trafic d'influence" et "association de malfaiteurs" dans le cadre de cette affaire.
• Round 2 : un rapport incendiaire signé Montebourg
De son côté aussi, Arnaud Montebourg enquête. Fin 2010, le secrétaire national à la rénovation du PS transmet un rapport confidentiel à la première secrétaire, Martine Aubry. Ses conclusions, relayées par Le Point, sont sans équivoque. Dénonçant "les pratiques plus que contestables de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône", le député de Saône-et-Loire recommande sa mise sous tutelle par la direction du parti et la "destitution" de son président, Jean-Noël Guérini. Il décrit par ailleurs "un système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur" et redoute "les dérives les plus graves dans l'usage de l'argent public". En conclusion, Montebourg demande la destitution de Jean-Noël Guérini.
Face à l'insistance d'Arnaud Montebourg, Martine Aubry tempère : "Il n'y a rien dans ce rapport, pas un élément concret, précis, pas un fait. (…) Il faut laisser faire la justice."
• Round 3 : Guérini porte plainte pour diffamation
Début mars 2011, Jean-Noël Guérini lance deux procédures en diffamation à l'encontre d'Arnaud Montebourg. Au Parisien, il justifie : "Je persiste et je signe : les propos de M. Montebourg sont calomnieux et diffamatoires."
Il reproche au député de Saône-et-Loire d'avoir utilisé dans son rapport plusieurs pièces de l'information judiciaire ouverte à Marseille dans le cadre de l'affaire dite Guérini.
• Round 4 : Montebourg revient à la charge
Le 20 juin 2011, Arnaud Montebourg rend son rapport devant la commission d'enquête sur le fonctionnement de la fédération des Bouches-du-Rhône. Cette commission, installée le 29 mars, est composée de huit membres et présidée par l'ancien ministre Alain Richard. Elle offre au député l'occasion de revenir à la charge, en adressant une nouvelle fois le dossier que Martine Aubry lui avait retourné, raconte L'Express.
Le mois suivant, le PS adopte par 26 voix sur 27 le rapport de la commission sur la fédération, qui prône un "pacte de rénovation" et rejette une mise sous tutelle réclamée par Montebourg. Aux yeux de la fédération des Bouches-du-Rhône, ces conclusions constituent un "désaveu" pour lui. Pourtant, le 21 juillet 2011, Jean-Noël Guérini quitte officiellement la présidence de la fédération des Bouches-du-Rhône.
• Round 5 : échec de la première plainte de Guérini
Examinée en septembre, la plainte de Jean-Noël Guérini contre Arnaud Montebourg est renvoyée sine die jusqu’à l’issue de la procédure judiciaire engagée à Marseille contre l'élu marseillais.
• Round 6 : plainte contre Montebourg pour "violation du secret de l'instruction"
Dernier épisode en date : l'avocat de Jean-Noël Guérini annonce que son client va porter plainte contre Arnaud Montebourg, devenu depuis ministre du Redressement productif. Il l'accuse cette fois de "recel de violation du secret de l'instruction". Une "plainte avec constitution de partie civile", a précisé à l'AFP Me Dominique Mattei.
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