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Fraude à l'étiquette en Champagne : quand la filière viticole dérape

Une affaire de fraude touchant la coopérative de champagne Esterlin, jugée mercredi, met en lumière les pratiques peu scrupuleuses de certains professionnels du vin.

Article rédigé par franceinfo
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Une cave à vins en Bourgogne, le 2 février 2006. (ELYAS BARBIER / BIOSPHOTO / AFP)

CHALONS-EN-CHAMPAGNE – L'affaire est très suivie dans le petit monde de la viticulture : le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne rend sa décision, mercredi 12 décembre, concernant trois ex-dirigeants de la coopérative de champagne Esterlin, poursuivis pour escroquerie. Ils auraient vendu à la grande distribution de fausses bouteilles millésimées. Un dossier qui met en lumière les pratiques peu scrupuleuses de certains professionnels du secteur.

Tromper sur la marchandise

Dans cette affaire, le client floué s'appelle Ed, la chaîne de magasins d'alimentation discount aujourd'hui remplacée par les enseignes Dia. Entre 2002 et 2005, plus de 400 000 bouteilles de champagne ordinaire lui auraient été vendues au prix de bouteilles millésimés, rappelle La revue du vin de France, qui suit l'affaire.

Une duperie lucrative : les champagnes millésimés, qui ne représentent qu'une petite partie de la production – le champagne est en général issu d'un assemblage de vins correspondant à différentes années de récolte – sont beaucoup plus chers. Le préjudice serait ainsi estimé à 2 millions d'euros.

"Couper" les vins

Ce type de pratique n'est pas nouveau : l'affaire Labouré-Roi, suivie notamment par le quotidien régional Le Bien public, en est un exemple. Entre 2006 et 2008, cette respectable maison bourguignonne aurait écoulé près de 1,1 million de bouteilles dont les étiquettes étaient mensongères. "S'il y avait une rupture de stock de Meursault 2008, le Meursault 2010 était transformé en 2008 sur l'étiquette", a expliqué en juin 2012 le parquet de Dijon, lorsque l'affaire a éclaté.

Et ce n'est pas tout : la maison de négoce se serait aussi livrée à de la "fraude à la coupe". Autrement dit, elle aurait coupé des vins à l'appelation d'origine contrôlée avec du vulgaire vin de table, dans des proportions supérieures aux 15% autorisés pour les vins de Bourgogne. 500 000 bouteilles seraient concernées pour une valeur de fraude estimée, par les enquêteurs, à 2,7 millions d'euros.

Ajouter des produits interdits

Certains vont même plus loin, en coupant le vin avec des produits de synthèse. En mars 2005, cinq anciens responsables d'une coopérative du Jura, la Fruitière vinicole de Pupillin, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Dole.

La coopérative aurait ajouté à ses vins de l'éthanal de synthèse, expliquait à l'époque La Voix du Jura. Une substance interdite dans l'industrie alimentaire qui a pour avantage d'accentuer certaines saveurs caractéristiques des vins de la région, et notamment le goût de noix spécifique au fameux "vin jaune". Autant dire que le terroir en prend un coup.

 

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