Faute de moyens, les avocats de Bobigny menacent d'assigner l'Etat
Ce lundi, magistrats, greffiers et avocats du deuxième plus gros tribunal de France ont lancé un appel à l’aide inédit : si en mars, la vingtaine de postes de magistrats vacants ne sont pas pourvus, les avocats de Seine-Saint-Denis menacent de déposer de multiples assignations contre l'Etat, pour dysfonctionnement de la justice. Effectivement, sur les 124 postes de magistrats attribués au tribunal de grande instance, seulement 99 sont actuellement pourvus.
De lourdes conséquences familiales
Un effectif réduit qui mène à une montagne de dossiers qui s’empilent : il faut minimum un an d’attente pour une première audience chez le juge. Et c’est une situation particulièrement dramatique dans les affaires familiales : il faut compter 12 à 16 mois pour un simple divorce. "Pendant ce temps-là, la vie des gens est entre parenthèses, et tout est bloqué. J’ai une dame qui est venue, qui ne veut plus de son mari, mais elle est obligée de cohabiter avec lui pendant au moins un an, c’est terrible, ce sont des drames qui se jouent tous les jours" reconnait Nathalie Barbier, avocate au barreau de Bobigny.
Et ces délais peuvent avoir des conséquences lourdes, notamment quand il y a des enfants, puisque la question de leur garde et d'une éventuelle pension alimentaire ne peut pas être étudiée avant une première audience.
Vendredi, Jean-Jacques Urvoas a annoncé 14 millions d'euros supplémentaires pour la justice en France. Un premier pas mais qui pèse peu dans un budget total de 8 milliards d'euros. Cette nouvelle enveloppe ne devrait pas suffire à désengorger le tribunal de Bobigny.
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