États-Unis : le débat sur l'alimentation de force relancé à Guantanamo
"C'était une douleur atroce dans ma poitrine, ma gorge et mon estomac ". Ce témoignage, parmi d'autres, a été publié dans une tribune du New York Times . Il raconte la douleur d'un prisonnier yéménite, détenu à Guantanamo.
D'autres détenus, cités dans la presse américaine, font état de la douleur ressentie au moment de ce qu'ils nomment un "gavage ", une "torture ". L'administration pénitentiaire a choisi, pour maintenir en vie les détenus en grève de la faim, contre leur incarcération sans charge ni procès depuis des années, de les alimenter de force.
Une procédure "conçue pour être sans douleur "
Face aux accusations de torture, les personnels médicaux de la prison ont ouvert les portes de l'établissement aux journalistes la semaine dernière.
À côté des cellules briquées pour l'occasion, des salles où trônent des chaises spécialement conçues pour alimenter les grévistes.
L'un des aides-soignants, qui se fait appeler Leonato, explique : "D'abord, nous leur proposons un repas normal, quand ils le refusent, nous leur proposons d'avaler eux-mêmes la substance nutritive Ensure ; quand ils refusent encore, les gardiens les emmènent jusqu'à la chaise et les attachent ". Selon son collègue, qui se cache sous le nom de Froth, "la plus grande irritation vient du tube qui passe dans la gorge mais ce n'est pas douloureux ". La séance d'alimentation de force dure en général "30 à 35 minutes ".
Les quelque 137 personnels médicaux de Guantanamo - pour 166 détenus recensés - justifient la procédure par la nécessité de garder en vie les prisonniers, enfermés pour des soupçons d'activités terroristes depuis plus de dix ans pour certains.
Contraire aux droits de l'homme
Dimanche dernier, la prison a dénombré 53 détenus en grève de la faim. Le mouvement a commencé il y a six mois, et au plus fort en juin dernier, ils étaient 106 à avoir choisi ce mode de protestation.
En juillet dernier, un groupe d'élus avait appelé Barack Obama à mettre fin à ces pratiques sur la base de Guantanamo. Les mots revenant pour qualifier l'alimentation de force sont toujours les mêmes : "cruauté " et "humiliation ".
Des associations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International, ont alerté sur le sujet dès le début de l'année, mettant de plus en plus de pression sur le président américain, qui avait brandi lors de son premier mandat sa volonté de fermer la prison de Guantanamo.
Le mois dernier, le rappeur américain Mos Def avait lui choisi la dénonciation par l'exemple, se mettant dans la peau d'un détenu nourri de force, dans une vidéo-choc.
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