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Enseignante poursuivie pour "violences" en Haute-Vienne : "Depuis la rentrée, ma fille allait mal"

La porte-parole du collectif de parents d'élèves, mère d'une enfant scolarisée dans la classe de la directrice d'une école de Feytiat, témoigne pour francetv info.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture de Google StreetView montrant l'école maternelle de Feytiat (Haute-Vienne), dont la directrice est accusée de "violences physiques et psychologiques" sur une quinzaine d'enfants. (GOOGLE STREETVIEW)

Après cinq mois d'enquête et plus de 24 heures de garde à vue, la directrice de l'école maternelle publique de Feytiat (Haute-Vienne) a été renvoyée devant le tribunal correctionnel de Limoges, jeudi 25 juin. Egalement enseignante en petite section, elle est poursuivie pour des faits de violences commis sur 21 enfants pendant quatre ans.

La porte-parole du collectif de parents d'élèves, mère d'une fillette scolarisée dans la classe de cette enseignante, témoigne pour francetv info.

Comment avez-vous été alertée des faits reprochés à cette directrice d'école ? 

Par le comportement de ma fille. Depuis la rentrée [2014], elle allait mal. Elle ne mangeait plus, ne jouait plus, restait apathique, s'était mise à avoir peur du noir, à faire pipi sur elle. Elle me disait "maîtresse est méchante", "j'ai peur qu'elle me fasse mal". Mais je ne pouvais pas y croire. Un jour, elle a été fortement secouée par la maîtresse car elle n'avait pas réussi un exercice. Là, les Atsem [agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles] ont décidé de parler aux parents. Je suis la deuxième à avoir porté plainte.

Cette directrice est poursuivie pour des violences commises depuis son arrivée à Feytiat, pendant quatre ans. Comment expliquez-vous que l'affaire n'éclate que maintenant ?

La loi du silence est très dure à briser dans l'éducation nationale. Les parents ne se parlent pas assez entre eux. Ils déposent vite fait leur enfant le matin. Et puis ce n'est pas toujours évident d'oser parler des problèmes, on pense être isolé. Quant aux autres enseignants, leurs classes n'étaient pas à proximité de la sienne. Mais des courriers de parents ont été envoyés depuis 2011 à la mairie. Il a fallu qu'une Atsem écrive en février dernier pour que la municipalité réagisse et le signale à l'inspection académique.

Que se passait-il concrètement dans l'enceinte de la classe, selon vous ?

C'étaient des tapes, des gifles, des enfants secoués, poussés, heurtés sur des bancs et sur des armoires. Il y avait aussi beaucoup de violence morale, avec des élèves humiliés en public quand ils faisaient un dessin. L'enseignante disait qu'ils étaient nuls, que c'étaient des gribouillages. Les enfants qui faisaient pipi sur eux restaient mouillés toute la journée pour les punir.  

L'inspection académique affirme avoir fait les choses "dans les règles de l'art" et avoir mis en place une cellule d'écoute pour les parents d'élèves…

Il a fallu cinq mois de combat pour en arriver là, alors que ça fait dix ans que ça dure ! On a déplacé le problème en la nommant ailleurs à chaque fois. Le problème de Feytiat est connu depuis longtemps, beaucoup d'enfants ont été retirés de l'école pour être scolarisés dans une autre commune, mais tout le monde a fermé les yeux. Et en guise de cellule d'écoute, on a eu le droit à deux visites d'une psychologue pour voir la classe collectivement. Pour le reste, on se débrouille en libéral. Or, des enfants de moyenne et grande section qui sont passés par la classe de cette enseignante ont toujours des troubles du comportement. Nous militons pour une reconnaissance du traumatisme collectif.

Votre fille va-t-elle mieux maintenant ? 

Oui. Elle est suivie depuis cinq mois par un pédopsychiatre et j'ai pris une nounou pour qu'elle soit retirée de l'école deux après-midi par semaine. Elle lui redonne le goût du bricolage et des activités manuelles. Les enseignants de l'école, eux, ont été formidables. Ils ont changé toute la disposition de la classe et ils ont même jeté à la poubelle les crayons avec lesquels cette maîtresse faisait l'appel. 

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