Egypte : nouvelles violences à Port-Saïd après la condamnation à mort de 21 personnes
C'était il y a un an, peu de temps après le premier anniversaire de la chute d'Hosni Moubarak. A Port-Saïd, dans le Nord de l'Egypte, un match de football dégénérait. Dès le coup de sifflet final, des supporters du club d'Al-Masry, l'équipe locale, envahissaient le terrain à la poursuite des joueurs et des supporters du grand club cairote d'Al-Ahly. Bilan des affrontements : 74 morts et plus de mille blessés. Un an après, alors que le pays subit un regain de violences, la justice a rendu son verdict : 21 personnes ont été condamnées à mort pour leur implication dans ces violences.
Si cette décision a été accueillie par des cris de joie par les familles des victimes dans la salle d'audience du Caire, des violences ont éclaté à Port-Saïd entre les forces de sécurité et des proches des condamnés. Selon la télévision d'Etat, ces derniers ont tenté d'envahir la prison de la ville après l'annonce du verdict, et au moins 31 personnes, dont deux policiers, ont été tuées lors de ces affrontements, et 530 autres blessées.
Journée à hauts risques
Selon des témoins, des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène. Des blindés ont été déployés pour disperser les contestataires alors que des violences ont éclaté dans des rues proches de la prison, et les commerces ont fermé. L'armée égyptienne a décidé de se déployer à Port-Saïd pour tenter de "rétablir le calme et la sérénité dans la ville, et protéger les installations publiques ".
Deux postes de police ont été pris d'assaut et envahis par des habitants de la ville et des tirs nourris se faisaient entendre. Par ailleurs, un ferry grec ancré à Port-Saïd a reçu des tirs selon le ministère grec des Affaires étrangères.Côté égyptien, on estime qu'il n'a pas été visé, mais pris dans des tirs. Personne n'a été blessé et le ferry a repris sa route.
Le pays s'attendait à une journée à hauts risques ce samedi avec l'annonce de ce verdict très attendu. Les "Ultras" d'Al-Ahly, proches des victimes de ce drame du football et fortement impliqués dans les révoltes populaires ayant entrainé la chute d'Hosni Moubarak début 2011, ont réclamé justice, et menacé le pays de "chaos " si elle ne leur était pas rendue.
Le verdict a été prononcé à l'académie de police, là où le procès Moubarak s'est déroulé. La justice a annoncé avoir transmis son verdict au mufti d'Egypte, les
condamnations à mort devant être autorisées par cette autorité religieuse
musulmane.
Alors que le 2e anniversaire de la révolution a été marqué par les affrontements et la mort d'au moins huit personnes ce vendredi, ce verdict n'appaise pas les tensions. Un second verdict est attendu le 9 mars, pour statuer du sort des 52 autres accusés, dont neuf officiers de police.
En réaction à la crise que vit le pays, l'opposition égyptienne a menacé de boycotter les prochaines élections législatives si le pouvoir islamiste n'appliquait pas une "solution globale " à la situation, notamment la formation d'un gouvernement "de salut national ".
Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition aux islamistes, fait aussi porter dans un communiqué au président Mohamed Morsi "l'entière responsabilité de la force excessive utilisée par les services de sécurité contre les manifestants ".
A Port-Saïd, certains policiers avaient senti venir les violences, voyant les armes circuler avant le jugement. Mais ils n'ont pas été écoutés.
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