Début du procès du commissaire Neyret devant le tribunal correctionnel de Paris
Après avoir atteint le firmament des "grands flics", auréolé d’un nombre impressionnant d’affaires, Michel Neyret a violemment touché terre à l’automne 2011. Le commissaire divisionnaire est interpellé pour corruption, trafic d’influences. Il est incarcéré près de huit mois au quartier VIP de la prison de la santé et révoqué de la police nationale par Manuel Valls. La star de l’antigang, décorée de la légion d’honneur, mord la poussière et provoque une onde de choc dans la maison police. Au cœur du procès, la nature des liens qui unissaient Michel Neyret au monde des voyous, à son réseau d’indics qui, des années durant, lui ont offert sur un plateau d’argent ses plus belles interpellations, ses plus grosses prises aussi.
"J'ai la santé, la liberté et des arguments à faire valoir au procès" : le commissaire Neyret
Michel Neyret, comme l’affirme l’accusation ou sa propre femme, a-t-il accepté de la part du "milieu" des séjours de luxe et des cadeaux en échange de services et des renseignements tirés par exemple des fichiers de police ? A-t-il rémunérer ses indics "en nature", en soustrayant illégalement de la drogue sur les saisies ? Neyret a-t-il repris à son compte le dicton "on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre" au point d’oublier la morale du policier et sa qualité de commissaire. "J'ai la santé, la liberté et des arguments à faire valoir au procès ", déclarait il y a peu Michel Neyret. A 60 ans, le super-flic semble toujours combatif, décidé à prouver qu’il n’a pas donné dans la corruption "par appétit du gain " mais plutôt "commis des imprudences par amitié ".
Michel Neyret comparait au côté de huit autres prévenus dont sa femme, d’anciens indicateurs, un avocat et trois anciens collègues policiers. Début du procès 13h30. Fin des débats le 24 mai.
Il reste inévitable "dans la vraie vie, que les policiers aient des contacts avec les voyous" : Richard Schittly, auteur du livre "Commissaire Neyret, chute d'une star de l'antigang"
Selon Richard Schittly, auteur du livre "Commissaire Neyret, chute d'une star de l'antigang", Michel Neyret a dû, pendant toute sa carrière de chef de l'antigang de Lyon, "rémunérer des indicateurs avec des stupéfiants, les rencontrer sur leur terrain." "C'était tout une époque, et puis l'époque a changé ", a-t-il rapellé sur France Info.
La justice s'est longtemps accommodée de ces pratiques, "tant que les résultats étaient là ", a affirmé le journaliste. Néanmoins, selon lui, il reste inévitable "dans la vraie vie, que les policiers aient des contacts avec les voyous ".
"Attraper des voyous, et notamment dans le grand banditisme, ça ne se fait pas comme ça , a expliqué Richard Schittly. Ces pratiques, on ne peut pas les écarter, avec la part de risque que cela représente. Quelle est la tolérance des autorités vis-à-vis de ça? C'est un peu la question de l'affaire Neyret. "
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