Cet article date de plus de douze ans.

Dany Leprince a quitté la maison d'arrêt d'Agen

Condamné à perpétuité pour un quadruple meurtre familial, il est sorti vendredi matin de la maison d'arrêt d'Agen après avoir obtenu sa libération conditionnelle, après 17 années de détention. Une voiture banalisée de l'administration pénitentiaire l'emmène chez son épouse à Marmande, chez qui il doit vivre dans le Lot-et-Garonne.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Gonzalo Fuentes Reuters)

"On va se préparer à manger. S'installer tranquillement ",
sourit Béatrice Leprince. Son mari est arrivé chez elle, conduit par l'administration
pénitentiaire. Une meute de journaliste l'attendait, elle a eu du mal à se
frayer un chemin jusqu'à son mari qui venait d'arriver chez elle, conduit par
l'administration pénitentiaire. "C'est magnifique ! ",
s'enthousiasmait-elle dans sa robe beige, primesautière, quelques minutes avant
son arrivée. En aspirant maintenant à vivre la vie des couples "normaux
en France
", avec leur "petites habitudes ".

Dany Leprince portera un bracelet électronique

A 9h20, Dany Leprince a laissé derrière lui la maison d'arrêt d'Agen. Il ne
la quittera pas tout fait, le bracelet électronique qu'il porte le lui
rappelera. Au cas où. Après 17 années de détention, Dany Leprince est sorti de
prison. La semaine dernière, le tribunal d'application des peines de Melun a
statué en sa faveur, suivant les réquisitions du parquet général, en
assortissant toutefois sa décision d'un
contrôle judiciaire
strict, notamment le port d'un bracelet électronique et
l'interdiction de parler de son dossier à la presse.

En outre, les mesures prévues par le tribunal d'application des peines
prévoient une interdiction d'exercer une activité professionnelle, ainsi que
l'obligation d'indemniser les victimes et de résider chez Béatrice, son épouse,
avec qui il avait fait connaissance dans un long échange épistolaire alors
qu'il était en prison. Ces mesures devraient être en vigueur sept ans. Il
devrait rejoindre une association de résinsertion de Marlande, où il se formera
au métier de cariste.

Libéré en 2010, il est incarcéré à nouveau en 2011

Dany Leprince avait
été reconnu coupable d'avoir tué avec un hachoir en septembre 1994  son
frère, l'épouse de ce dernier et deux de ses nièces à Thorigné-sur-Dué, dans la
Sarthe. Pendant sa garde à vue, il livre aux policiers un premier aveu, très
partiel. Puis
clame son innocence
. Sur la base de nouveaux éléments, la justice le libère
le 8 juillet 2010 dans le cadre d'une procédure de
révision de procès
 : l'homme a déjà passé 16 ans en prison. Le 6 avril
2011, il est à nouveau incarcéré : la Cour de cassation, qui siège en cour
de révision, une procédure particulièrement rare, lui avait refusé un nouveau
procès aux assises, malgré des réquisitions favorables du parquet général.
Lequel critique l'enquête et demande même une réouverture du dossier sur des
soupçons qui portent alors sur Martine Compain, l'épouse de Dany Leprince.
Après le refus de la Cour de réviser le procès, le parquet refuse de rouvrir
l'enquête.

Nicolas Sarkozy avait refusé de le gracier

Dany Leprince se voit opposer un nouveau refus, celui du président de la
République, Nicolas Sarkozy, qui refuse de le gracier.  En revanche,
le tribunal d'application des peines, lui, accepte de lever la période de
sûreté de 22 ans imposée dans sa condamnation initiale, ouvrant la possibilité
pour Leprince de
profiter d'une libération conditionnelle
.

Dany Leprince reste juridiquement coupable

Malgré sa libération, juridiquement, Dany Leprince est coupable. Il devrait
d'ailleurs le rester puisqu'il ne pourra pas déposer une nouvelle demande de révision,
à moins qu'elle ne soit fondée sur des éléments nouveaux. Une perspective,
après tant d'années, vraiment aléatoire. Puisqu'il ne peut pas communiquer avec
la presse, c'est son épouse qui parle en son nom, confirmant à la presse que le
"combat va continuer" pour l'innocenter.

"La justice n'est pas passée, la vérité n'a pas été établie"

Elle n'est pas la seule à ne pas se satisfaire de la libération
conditionnelle de Dany Leprince. Parmi elles, Christine Fournier, la présidente
de l'Association pour la vérité rendue aux victimes de Thorigné-sur-Dué, qui
promet de "relancer les choses " :  "La
justice n'est pas passée, la vérité n'a pas été établie
", 
explique-t-elle, déterminée. "Si Dany était coupable, il n'était pas
seul et s'il est innocent, les coupables sont toujours dehors
".

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