Clichy-sous-Bois : le procès à l’heure des circonstances du drame
L’arrivée de Zyed et Bouna, accompagnés de Muhittin sur un site EDF à Clichy-sous-Bois était-elle connue du policier qui les a poursuivis et de sa collègue avec laquelle il était en liaison par la radio ? C'est l'une des interrogations posées au tribunal correctionnel de Rennes où deux policiers comparaissent depuis lundi pour non-assistance à personne en danger. La deuxième audience a retracé minutieusement les circonstances du drame.
A LIRE AUSSI ►►►Clichy-sous-Bois : dix ans après, le procès des policiers
Les enregistrements radio diffusés
La radio a crépité pendant 45 minutes au rythme des échanges entre des policiers sur le terrain et le poste de commandement le 27 octobre 2005. La police vient d’apprendre par les pompiers que des jeunes sont blessés, peut être morts, dans un transformateur électrique de Clichy-sous-Bois. La salle de commandement harcèle les policiers en patrouille pour obtenir une confirmation. Sur les ondes, la confusion est évidente. Il faudra plusieurs dizaines de minutes pour que les pompiers entrent sur le site et confirment la mort des deux adolescents.
Sébastien, le policier qui comparait aux côtés de Stéphanie sa collègue, est l'un des premiers à arriver sur les lieux. Il a fait le rapprochement entre le drame et la course-poursuite avec plusieurs jeunes plus d’une heure avant la découverte. Vers 19h, le policier dit alors sur les ondes, "nous on a interpellé six individus. Il est fort probable que des jeunes aient franchi le mur d’enceinte ". L’appréhension et l’hésitation sont perceptibles dans sa voix et ses propos retransmis dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Rennes.
La salle de commandement, où la gravité des faits devient évidente, insiste pour avoir le bilan exact des victimes. Visiblement, les policiers du commissariat pressentent déjà le risque d’embrasement dans le quartier.
Le témoignage du troisième adolescent
Muhittin accompagnait Zyed et Bouna sur le site EDF, puis le lieu dangereux appelé réactance.
✔ #clichy / la "réactance" EDF où sont morts les jeunes portait un panneau disant "Stop ne risque pas ta vie" @franceinfo
— Pair Stéphane (@pairIDF) March 17, 2015
C’est Muhittin qui a donné l’alerte. Le jeune homme raconte qu’au moment du choc il a eu l’impression d’avoir été soulevé de terre plusieurs fois. Il voit que ses copains ne bougent plus. Il explique qu’il est sorti du local pour aller chercher de l’aide.
"Je voulais appeler au secours, mais je n’avais plus de voix. Je n’arrivais même plus à marcher;"
Avec des vêtements déchirés et brulés qui collent à ses plaies, il parvient à regagner sa cité. A proximité, il croise sur son chemin le grand frère de Bouna, l’une des victimes. Les deux jeunes gens retournent sur les lieux, tout en appelant les pompiers. 35 minutes se sont écoulées depuis l’électrocution. Ce sont alors les secours qui découvrent les corps. Les magistrats ont refusé de projeter à l’audience les photos prises par les enquêteurs dans le local d’EDF.
Mercredi, le tribunal doit rentrer dans le détail de l’intervention des forces de l’ordre avant l’accident.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.