"Ce courrier, c'était une bombe dans notre vie" : une mère raconte l'exclusion de la crèche de sa fille épileptique
La famille de l'enfant a porté plainte. Le procès de l'affaire doit s'ouvrir vendredi au tribunal correctionnel d'Alès (Gard).
"Comment peut-on faire quelque chose d'aussi injuste ?", se demande Emilie Augustin. En février 2016, cette mère de famille a reçu un courrier de la part de la crèche de sa fille, l'informant que Rose, alors âgée d'un an, est exclue de l'établissement de Meyrannes (Gard) qu'elle fréquentait depuis plusieurs mois. La raison de cette décision ? L'épilepsie dont est atteinte la petite fille. "On ne s’attend pas à recevoir un jour ce genre de courrier", explique à franceinfo la mère de famille.
"Quand j’ai lu la lettre, que j’ai vu qu’il n’y avait pas de préavis, ni de solution de secours, je me suis dit qu'ils n'avaient pas le droit de faire ça", poursuit Emilie Augustin. Elle contacte immédiatement son avocate. Le procès pour délit de discrimination et complicité de discrimination doit s'ouvrir, vendredi 20 janvier, au tribunal correctionnel d'Alès.
"Un possible danger" pour les enfants
La décision d'exclusion a été prise en janvier 2016 par la directrice de la crèche, alors récemment nommée. "Elle estimait qu'il y avait un possible danger, que cela pourrait traumatiser les autres enfants parce qu'elle estimait que Rose était attardée", détaille l'avocate des parents de la petite fille, Juliette Griset, à franceinfo. Par la suite, elle s'est justifiée en expliquant qu'elle n'avait pas reçu de formation d'infirmière."
Une décision approuvée par le président de la communauté de communes, en charge de la crèche, comme le remarque le Huffington Post. De son côté, Olivier Martin, directeur de l'association Présence 30, gestionnaire de la structure, avait lui aussi justifié la décision : "La nouvelle directrice ne s'est pas sentie capable d'assumer ce problème, n'étant pas infirmière", avait-il affirmé à Midi Libre.
Malgré un protocole d'accueil individualisé signé, qui précisait la démarche, – "facile" précise l'avocate – à suivre en cas de crise, "la directrice a expliqué aux parents que leur enfant n'avait pas sa place dans cette crèche", ajoute-t-elle. "Le président de la communauté de communes a ensuite proposé de lui trouver une autre place. C'est inadmissible", regrette Juliette Griset.
"Un combat social"
"On parle d'un bébé ! D'une vie de famille ! Ce courrier, c'était une bombe dans notre vie", raconte Emilie Augustin, qui a publié son témoignage sur sa page Facebook. La mère de famille espère beaucoup du procès. "Il faut que ça se sache : en France, aujourd'hui, des structures ne veulent pas accueillir des enfants qui ne rentrent pas dans les cases", dénonce-t-elle. Rose n'a "aucun retard, elle est en pleine forme" et ne déclenche de crises qu'en cas de fièvre, "ce qui n'est arrivé qu'une seule fois à la crèche et ça a été parfaitement géré par le personnel", assure sa mère.
Pour la famille Augustin, c'est la peur qui serait à l'origine de cette décision. "Cette maladie est un combat thérapeutique, mais on n'imaginait pas qu'il s'agirait aussi d'un combat social", ajoute la mère de Rose.
D'après les parents de Rose, le cas de leur fille n'est pas isolé. "Depuis qu'on en parle, on reçoit beaucoup de témoignages de parents dans le même cas", précise Emilie Augustin. Elle voudrait donc que ce procès fasse jurisprudence et permette de mieux connaître la maladie. L'association Epilepsie France s'est d'ailleurs constituée partie civile dans le procès à venir. "Il est impossible de considérer qu'on prive un enfant de structure d'accueil collective pour cause d'épilepsie quand un médecin, voire plusieurs, confirment l'absence de contre-indications. C'est de la discrimination pure", a déclaré Delphine Dannecker, présidente de Epilepsie France, au Huffington Post.
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