AZF:soupçon de dissimulation d'un rapport d'expert
La défense de Grande Paroisse (Total) est soupçonnée d'avoir dissimulé un rapport d'expertise défavorableLa défense de Grande Paroisse (Total) est soupçonnée d'avoir dissimulé un rapport d'expertise défavorable
Henri Presles, directeur du laboratoire de détonique du CNRS à Poitiers, a fait état d'un rapport rendu au groupe en juin 2006 et jamais transmis à la justice.
Il portait sur des expériences de détonation d'un mélange de nitrate d'ammonium et d'un produit chloré (le DCCNa).
Ce rapport s'appuie sur une simulation numérique montrant qu'une explosion des 10 tonnes de nitrate d'ammonium, présentes dans le sas d'entrée du hangar 221, se serait propagée sans difficulté au tas principal de 300 tonnes en projetant le muret de séparation en béton armé à une vitesse de 350m/seconde sur le tas principal.
"Ces travaux remis en 2006, le tribunal en découvre l'existence", a déclaré le président du tribunal, Thomas Le Monnyer, tandis que plusieurs parties civiles mettaient en cause le groupe pétrolier, qui avait interdit la publication des trois premiers rapports par le CNRS. La justice avait dû les saisir lors d'une perquisition en 2003.
M. Presles a estimé que ce rapport pourrait déboucher sur des "préconisations" en direction des industriels afin de ne "jamais interposer des murs en béton armé entre des tas de nitrate", et a réaffirmé son souhait que Total lève l'interdiction de publication des recherches effectuées.
"Votre ligne de défense c'est de concourir à la manifestation de la vérité, vous vous y prenez très mal", a lancé l'avocat d'une partie civile, Me Thierry Carrère en ajoutant : "Ne pensez-vous pas que les salariés, bien au-delà du groupe Grande Paroisse, ont le droit de savoir les conditions dangereuses dans lesquelles il travaillent, que c'est un minimum de fraternité?"
Le directeur de l'usine, Serge Biechlin, et son propriétaire, Grande Paroisse (groupe Total), sont prévenus notamment pour homicides involontaires, l'accusation expliquant la catastrophe (31 morts) par l'apport malencontreux de DCCNa sur le nitrate d'ammonium stocké dans le hangar 221, un quart d'heure avant l'explosion. La défense nie tout apport de DCCNa, et a cité des experts assurant qu'un tel mélange ne pourrait provoquer une explosion que dans des "conditions extrêmement particulières", non réunies à Toulouse selon eux.
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