Arbitrage controversé : un des trois juges et l'avocat de Tapie en garde à vue
C'est un
coup d'accélérateur donné par la brigade financière dans le volet "non ministériel" de l'arbitrage contesté rendu en faveur de Bernard Tapie en 2008 dans l'affaire Adidas. Un des juges arbitres, l'ancien magistrat Pierre Estoup a été placé en garde à vue lundi par les enquêteurs de la brigade financière de la
police judiciaire parisienne. L'avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, a lui été placé en garde à vue mardi.
Selon un gradé de la police, Pierre Estoup, 86 ans, est à la fois le pivot et le maillon faible de cet arbitrage. Comme les deux autres juges arbitres, l'avocat Jean-Denis Bredin et l'ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud, il a été désigné d'un commun accord par les deux parties, c'est à dire Bercy et Bernard Tapie. Et comme les deux autres juges-arbitres, Pierre Estoup a dû jurer qu'il n'avait pas de lien avec les parties, seule manière de garantir sa neutrralité et son objectivité.
Or c'est là que le bât blesse. Car le premier président honoraire de la cour d'appel de Versailles a oublié de révéler à l'époque qu'il avait déjà procédé à des arbitrages, en 1999 et 2001, dans des dossiers où figurait l'avocat de Bernard Tapie.
Un livre dédicacé par Bernard Tapie
Pour les policiers, il y a plus accablant encore. Comme l'a révélé le site de L'Express , ils ont découvert lors d'une perquisition chez Pierre Estoup, un livre dédicacé par Bernard Tapie, quelques lignes manuscrites où l'homme d'affaires loue le courage du président Estoup et l'assure de son infinie reconnaissance et de son affection.
Une simple dédicace qui vient aujourd'hui perturber la défense de Bernard Tapie qui jure depuis des mois qu'elle ne connaissait pas le juge Estoup avant la formation du tribunal arbitral.
Un arbitrage très contesté
En juillet 2008, ce tribunal a condamné le CDR, la structure créée pour gérer le passif du
Crédit Lyonnais, à verser à Bernard Tapie, 285 millions d'euros d'indemnités, dont 45
millions à titre de préjudice moral. Soit au total 403 millions d'euros avec les
intérêts. Bercy n'avait pas fait appel. La justice enquête sur la légalité de cet arbitrage depuis septembre 2012. Le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, a de son côté annoncé la semaine dernière que le gouvernement envisageait un éventuel recours contre la décision d'arbitrage.
Dans cette affaire, Christine Lagarde, l'ancienne ministre
de l'Economie, a été placée vendredi sous le statut de témoin assisté
par les magistrats de la Cour de justice de la République. Elle est visée par une enquête pour "complicité de faux et de détournement de fonds publics".
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