A qui appartient l'unique manuscrit des Mémoires d’outre-tombe ?
La propriété d’un document unique et précieux signé de François-René de Chateaubriand se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire près de deux siècles après sa parution. Un notaire a été entendu ce jeudi matin par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir voulu vendre le manuscrit des Mémoires d’outre-tombe.
Le parquet, l'a estimé coupable et a requis 25.000 euros d'amende. Pour Me Patrick Maisonneuve, avocat du notaire, cette lecture est erronée : "C'est en toute bonne fois que mon client a pensé que le manuscrit était dans le patrimoine familial de père en fils."
La décision a été mise en délibéré au 10 décembre prochain. Il faut dire que la question est dure à trancher : à qui appartient ce précieux manuscrit ?
Un coffre pour abriter le manuscrit
En juillet 2013, un notaire parisien, Pascal Dufour, décide de vendre le manuscrit complet des "Mémoires d’outre-tombe" . Sa famille conserve depuis 1847 ce document retranscrit par des secrétaires de l'écrivain et signé par Chateaubriand lui-même. Le document n'est jamais sorti de l'étude et il est transmis de génération en génération. Apprenant la vente il y a deux ans, le parquet de Paris conteste alors la légalité de la cession, estimant que le dépôt du manuscrit à l'étude n’entraîne pas de fait un titre de propriété.
Les dix volumes reliés auraient seulement été déposés chez un notaire afin de garantir un pacte scellé en 1836. Chateaubriand cède ses droits d’auteur à son éditeur et, en contrepartie, il obtient la promesse d’une publication après sa mort. La copie repose alors dans un coffre fermé par trois clés. L’une est détenue par l’écrivain, les deux autres par son éditeur et son notaire. Après le décès de Chateaubriand, la copie est restée à l’abri notarial jusqu’aux velléités de vente contestées.
Un héritier en embuscade
Aujourd’hui, Guy de la Tour du Pin, en tant qu’héritier de l’écrivain, réclame la restitution du document. Cette requête, selon la défense du notaire, n’est pas valable à cause d’une volonté émise par Chateaubriand. L’écrivain aurait demandé que l’on brûle, à sa mort, les copies de son manuscrit.
De leurs côtés, les Archives nationales estiment ne pas avoir de droit particulier sur le document qui vaudrait 500.000 euros.
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