IVG dans la Constitution : l'accès à l'avortement recule en Italie
Avant son accession au pouvoir en octobre 2022, Giorgia Meloni a régulièrement été interrogée sur son rapport à la loi 194, qui autorise depuis 1978 l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en Italie. Alors candidate pour le parti Fratelli d'Italia, classé à l'extrême droite, l'actuelle présidente du Conseil l'a répété face aux caméras de télévision : "Je ne veux pas abolir la loi 194. Je ne veux pas modifier la loi 194. C'est compris ? Je ne veux pas l'effacer. Dans quelle langue dois-je le dire ?" Et de fait, l’actuelle majorité n’a pas touché à cette loi.
Moins de 60% des hôpitaux pratiquent l'IVG en Italie
Dans la pratique, le recours à l'IVG connaît lui un recul massif dans le pays. En 2021, dernière année de référence pour les chiffres officiels, on dénombrait près de 64 000 IVG en Italie. On était à plus de 230 000 en 1983, année record. Le pays traverse pourtant un hiver démographique, il n’y a donc pas un désir d’enfant beaucoup plus fort aujourd’hui qu'il y a quarante ans. En comparaison, le nombre de recours à l'IVG a augmenté en France sur la même période (plus de 240 000 IVG en 2022, contre 210 000 en 1990).
Principale explication de cette chute du recours à l'IVG en Italie : l’objection de conscience des soignants prévue par la loi. Le nombre de gynécologues qui la mettent en avant est très élevé : plus de 50% dans le nord du pays, près de 80% et même au-delà dans le sud. "La conséquence, c'est le faible nombre d'hôpitaux qui assurent l'IVG. Seulement 59,6% en Italie. Autour de Naples, en Sicile, en Calabre, il y a des régions où c'est vraiment problématique", explique la gynécologue Silvana Agatone, présidente de l’association Laiga pour l’application du droit à l’avortement.
Autre difficulté, le manque de moyens des plannings familiaux pour accompagner les femmes et délivrer la pilule abortive. Cela dépend de la bonne volonté des régions, très puissantes en matière de santé en Italie. Et il ne faut pas compter sur l’actuel gouvernement pour faire pression. À la question "l’avortement est-il une liberté des femmes ?", l'actuelle ministre de la Famille, de la Natalité et de l’Égalité des chances Eugenia Roccella a répondu en janvier 2023 à la télévision italienne : "Malheureusement, oui. Ce n'est pas une belle chose. Je le pensais, même quand je me battais pour qu'il y ait une loi." Ajoutant que cela devait être une dernière solution, pour celles qui ne veulent pas d’une maternité.
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