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Avortement : "Il faut que le gouvernement rende ce droit efficient", appelle le Planning familial qui pointe des difficultés persistantes

Si le nombre d'avortements est en hausse en France, il est fortement entravé dans certaines régions du fait du manque de praticiens mais aussi d'une certaine résistance. C'est le constat d'un questionnaire envoyé par le Planning familial que France Inter a pu consulter.
Article rédigé par franceinfo
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Le droit à l'avortement encore entravé dans certaines régions (illustration). (MANOOCHER DEGHATI / AFP)

Des difficultés d'accès au droit à l'interruption volontaire de grossesse persistent en France, alerte une enquête du Planning familial. L'association a envoyé un questionnaire à ses 80 antennes départementales. France Inter a pu consulter en exclusivité leurs retours et dévoile les grande lignes jeudi 28 septembre, à l'occasion de la journée internationale pour le droit à l'avortement.

>> Le nombre d'avortements en France augmente en 2022, au plus haut depuis 1990

"De plus en plus de femmes sont obligées de faire des longs trajets en voiture pour accéder à l’avortement", déplore Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial car "il y a de moins en moins de centres IVG sur tout le territoire" et "de nombreuses maternités ont fermé ces dernières années".

Par ailleurs, les femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse ont toujours plus de difficultés à trouver des professionnels de santé disponibles durant les périodes de vacances scolaire. L'enquête du Planning familial cite plusieurs exemples. Aux Sables-d'Olonne (Vendée), une femme demandait un rendez-vous le 19 juillet pour une IVG mais c'est la date du 9 août qui lui a été proposée, soit trois semaines plus tard. Le délai légal de l'interruption volontaire de grossesse en France est de 14 semaines. L'antenne du Planning familial en Bretagne rapporte que cet été, des femmes ont dû faire plus d’une heure de route pour avoir accès à une IVG médicamenteuse. "C’est ça la réalité de l’IVG en France en 2023 et c’est inadmissible", s'insurge Sarah Durocher.

Plusieurs manifestations en France à l'occasion de la journée internationale pour le droit à l'avortement

Dans 20% des cas, les femmes doivent prendre plus de trois rendez-vous médicaux pour avoir accès à l’IVG médicamenteuse. Or, un seul rendez-vous suffit normalement. "On a aussi des médecins qui remettent en question le choix de ces femmes qui veulent avorter, c'est dingue. Ces mêmes médecins leur demandent de revenir pour bien prendre le temps de digérer leur choix", explique la présidente national du Planning familial.

"On a des échos hallucinants de médecins qui font encore écouter le battement du cœur de l’enfant."

Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial 

à franceinfo

Le Planning familial souhaite que ces procédures soient simplifiées. "Il faut que le gouvernement rende ce droit efficient, c’est urgent". Le droit à l'interruption volontaire de grossesse a été instauré par la loi Veil en 1975. Le 8 mars 2023, en rendant hommage à la féministe Gisèle Halimi lors de la Journée internationale des droits des femmes, le chef de l'État, Emmanuel Macron, a annoncé la présentation d'un projet de loi "dans les prochains mois" pour inscrire dans la Constitution "la liberté" de recourir à l'IVG.

Selon les informations de France Inter, le Planning familial publiera chaque année – à partir de 2024 – un baromètre de l’accès au droit à l’avortement en France, soutenu par la Fondation des femmes, pour mieux rendre compte des difficultés qui existent encore sur le territoire. 

Plusieurs rassemblements sont organisés jeudi à l'occasion de la journée internationale pour le droit à l'avortement : à 18h30 place de la République à Paris, à 18h30 sous l'ombrière du Vieux-Port à Marseille, à 18h place de la Comédie à Lyon, à 18h place de la République à Lille, à 18h place Bouchard à Caen ou encore à 18h place de la Liberté à Brest.

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