Avortement aux Etats-Unis : le nombre de stérilisations féminines a augmenté après la révocation du droit constitutionnel à l'IVG, selon une étude
La révocation de l'arrêt "Roe v Wade", en juin 2022, qui garantissait le droit des Américaines à avorter, n'a pas seulement eu des répercussions sur le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG). Cette volte-face historique de la Cour suprême des Etats-Unis a également eu des conséquences sur "les décisions que prennent les femmes en matière de contraception", a rapporté au New York Times Xiao Xu, professeure agrégée de sciences de la reproduction à l'université de Columbia et auteure principale d'une étude parue mercredi 11 septembre dans le Journal of the American Medical Association (Jama).
L'équipe de scientifiques a relevé une augmentation du recours à la stérilisation tubaire — aussi appelée ligature des trompes, qui permet d'empêcher définitivement toute grossesse — au cours des six mois suivant la décision de la Cour suprême. Les chercheurs se sont appuyés sur les données des assurances privées (qui couvrent majoritairement les Américains pour leurs besoins médicaux) de 4,8 millions de femmes, âgées de 18 à 49 ans, entre janvier 2021 et décembre 2022. Ils les ont réparties en trois catégories, en fonction de la législation sur l'avortement dans les Etats : ceux qui protègent l'accès à l'IVG, ceux qui le limitent et ceux qui l'interdisent.
Une étude partielle
Dans les Etats proscrivant l'avortement, le taux de stérilisation est passé à 5 femmes pour 10 000 en décembre 2022, contre une moyenne de 3,6 pour 10 000 par mois au cours des 18 mois précédant la décision de la Cour suprême, affirme le New York Times. Les stérilisations ont aussi augmenté dans les Etats qui protégeaient ou limitaient l'avortement, mais dans des proportions que les chercheurs estiment moins significatives.
Toutefois, cette étude présente des limites, note le "NYT". Elle prend uniquement en compte le recours à la ligature des trompes, omettant ainsi les autres moyens de contraception, comme la pilule contraceptive, les implants hormonaux ou les dispositifs intra-utérins. En outre, les chercheurs ont utilisé les seules données des assurances privées, sans y intégrer les femmes ayant recours au Medicaid, le programme d'assurance-maladie dédié aux Américains à faible revenu, ou celles qui n'avaient pas d'assurance lors de la période concernée. Les femmes bénéficiant d'une assurance privée "ne sont probablement pas la population qui va subir les pires conséquences" la décision de la Cour suprême, souligne Jacqueline Ellison, professeure à l'école de santé publique de l'université de Pittsburgh, dans le New York Times.
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