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Islam : "Eviter le piège de l'amalgame tendu par les terroristes"

VIDEO | Après les attentats à Paris et les hommages aux victimes, France Info pose la question "On fait quoi maintenant ?" Second thème développé : "L'islam de France doit-il se réformer ?" Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne et Madjid Messaoudene, conseiller municipal Front de gauche de la ville de Saint-Denis en débattent.
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Radio France
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Après les attentats de la semaine dernière et les marches républicaines, une question est sur toutes les lèvres : "On fait quoi maintenant ?". Toute la semaine, France Info, en partenariat avec le journal Libération, part à la rencontre de ces Français de tous horizons qui ont défilé ce week-end pour continuer à écouter, comprendre, débattre… et avancer vers des solutions concrètes. Ce mercredi, "L'islam de France doit-il se réformer ?". Un premier débat a fait se confronter à la mi-journée Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne et Madjid Messaoudene, conseiller municipal Front de gauche de la ville de Saint-Denis, en région parisienne.

Eviter "le piège de l’amalgame"

En entamant le débat, Madjid Messaoudene a tout d’abord regretté le regard négatif que "la France porte depuis des années sur les musulmans " et souhaité pour eux "des lieux dignes " pour prier.

"Les musulmans se sentent stigmatisés à juste titre dans ce pays. Je pense que l’on doit pouvoir, après le drame, réussir à dépasser le stade de l’émotion et trouver de vraies solutions à ce qui s’est passé." 

Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, a répondu en expliquant le caractère inéluctable de l’amalgame, qu’il regrette.

"Il y a eu un lien parce les terroristes se réclamaient de l’islam. Le but du jeu de ces organisations terroristes, c’est de faire en sorte que les musulmans soient stigmatisés pour permettre leur radicalisation et recruter parmi eux les terroristes de demain. Nous ne voulons entrer dans ce piège." 

Madjid Messaoudene s’est dit aussi "choqué par le lien qui a tout de suite été fait entre les deux meurtriers, l’islam et les musulmans. Un lien qui a été dénoncé très tardivement par nos élites ". Au sujet de la protection des lieux de culte, il a regretté que les écoles juives et les synagogues soient placées à un rang "prioritaire " et demandé le même traitement pour les lieux des autres confessions. Le député socialiste a justifié ainsi la protection des écoles juives : 

"Qu’il s’agisse de Merah, de Nemmouche ou des frères Kouachi, ils se sont attaqués à des symboles de cette confession et ils sont allés jusqu’au meurtre. Ce n’est pas le cas avec les musulmans."

"Faire confiance aux musulmans"

Très ferme sur la question de la réforme de l’islam, le conseil municipal de Saint-Denis a estimé que c’était aux musulmans de prendre en charge l’organisation et de choisir leurs représentants. " Faisons confiance aux musulmans. Ils sont, dans leur immense majorité, compatibles avec la République. Ils ont choisi la France, ils sont Français, laissons leur vivre leur islam tranquille . " Sur quel domaine de son organisation, l’islam de France peut-il ou doit-il agir ? Selon Olivier Faure, la séparation des pouvoirs est prioritaire.

"On a une religion qui est apparu après la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Toute l’histoire qui a précédé l’installation de la République c’est aussi contre l’emprise de la religion catholique sur l’institutionnel. On a voulu séparer le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Ce travail-là n’a pas été réalisé avec l’islam et il reste à faire. Les musulmans ont à faire ce travail là pour avoir des interlocuteurs et assurer une forme d’homogénéité."

Le débat continue sur France Info en fin de journée, entre 17h et 18h. Jeudi, il portera sur l'école et les valeurs de la République.

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