Interventions des forces de l'ordre dans les raffineries et dépôts, 3 blessés à Grandpuits
ACTUALISE A 14h50 (grève reconduite à Donges) :
Grandpuits réquisitionnée
-
3h30 ce matin Les gendarmes "sont devant, ils viennent déjà de notifier les réquisitions des salariés par le préfet de Seine-et-Marne"… Franck Manchon, délégué syndical CGT, assiste à la scène tôt, très tôt ce matin, devant la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne). Bloqué depuis plusieurs jours par des salariés grévistes opposés à la réforme des retraites, le site pétrolier vient d’être réquisitionné par la préfecture, "au nom des intérêts de la défense nationale". Mais malgré la présence des fourgons de gendarmes qui stationnent "à l'une des entrées", la détermination des manifestants est toujours là, elle aussi. "Pour l'instant on a une équipe à l'intérieur, on va essayer de bloquer un petit peu l'équipe qui part", poursuit Franck Manchon.
Au bord de l'exaspération
- 7h30 ce matin Le soleil n’est pas encore levé que déjà la contre-offensive s’organise. Les syndicalistes ont décidé d’empêcher les salariés réquisitionnés de pénétrer à l’intérieur du site. Ils sont arrivés un peu avant 7h30, sous escorte policière, un brassard blanc au bras en signe de protestation pacifiste. Face à eux, "une chaîne humaine" censée les bloquer. Pour combien de temps ? … Ici, c’est visiblement l’exaspération qui domine. "Ce qui vient de se passer est extrêmement grave", dénonce Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe pétrolier Total, secrétaire général du syndicat chargé de la branche pétrole, lors d'un point de presse organisé en milieu de nuit. " Du temps de Pétain, nous connaissions les rafles; sous l'ère de Nicolas Sarkozy, nous connaissons la rafle de nos acquis sociaux, la rafle du droit syndical puisque par cette réquisition, il entrave les salariés dans leur exercice du droit de grève ", s’emporte-t-il.
-
9h ce matin. L'accès de la raffinerie est dégagé par des gendarmes.
Selon la CGT, plusieurs grévistes ont été hospitalisés après
avoir été blessés lors d'affrontements avec les forces de
l'ordre.
Dans un communiqué publié ce matin, le ministère de
l'Intérieur parle lui d'une “opération de déblocage” effectuée
“dans le calme et sans qu'aucun incident n'ait été à déplorer”.Panique à Amiens
Après plusieurs jours d’une mobilisation qui n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, la colère monte dans le camp des grévistes. La zone industrielle nord d'Amiens, bloquée depuis deux jours par des ouvriers, a été le théâtre cette nuit d’une intervention musclée des forces de l’ordre, venues déloger quelque 300 manifestants, pas du tout disposés, eux non plus, à quitter les lieux. "On n’a pas mené un combat comme ça pour rien, ça fait des jours qu’on fait grève, on ne lâchera pas tout de suite
Donges reconduit la grève
Les salariés de la raffinerie de Donges, près de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, ont décidé en AG de reconduire la grève jusqu'au 29 octobre. Elle a commencé le 12. La CGT a promis des actions symboliques pour répondre au déblocage de Grandpuits. La première était une minute de silence “en mémoire du droit de grève”, mort ce matin selon eux.
Pression maintenue à Toulouse et Marseille
A Toulouse, la police est également intervenue cette nuit pour débloquer le dépôt de carburant de Lespinasse. Mais là encore, elle a rencontré la résistance des grévistes qui se sont repliés autour d'un rond-point. Résultat, les camions ont été bloqués pendant plusieurs heures encore avant de libérer finalement le passage. Même problème pour les bus, qui sont restés bloqués au dépôt jusqu'à environ 8h30.
Autour de l'étang de Berre, près de Marseille, où se concentrent les quatre raffineries des Bouches-du-Rhône, pas question de relâcher la pression. Ici les salariés du pétrole, de la chimie et de la pétrochimie sont plus déterminés que jamais, et leurs syndicats unissent leurs efforts... pour tenir.
Carburant : une amélioration au compte-goutte
Ce matin, les 12 raffineries de métropole étaient toujours bloquées. Les accès à celle de Total à Grandpuits (Seine-et-Marne) étaient encore impossibles à 9h30, malgré la réquisition du personnel. Du côté des dépôts, la situation semble moins figée avec "plus que 14 dépôts" de carburants bloqués sur les 219 que compte la France, selon le gouvernement. En bout de chaîne, l'approvisionnement des stations-service reste cependant toujours problématique. Selon le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, "entre 20 à 21%" des stations étaient encore en rupture de stock d'un ou de plusieurs carburants ce matin. Le ministre parle de "lente amélioration".
Cécile Mimaut, Mikaël Roparz avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.