Interpellé pour des sacs à dos jugés sexistes, le community manager de Decathlon appelle au calme
Yann Amiry a été interpellé en août sur Twitter au sujet de sacs à dos de couleur bleu pour les garçons et rose pour les femmes. Il s'est avéré que les sacs étaient aussi disponibles en bleu pour les femmes, mais l'internaute qui dénonçaient le sexisme supposé de ces objets a reçu de nombreux messages injurieux.
Une querelle "virtuelle" qui n'en finit pas. Depuis près de sept mois, Yann Amiry, le community manager de Decathlon, fait face à de vigoureux échanges sur les réseaux sociaux au sujet de sacs à dos de couleur bleu pour les garçons et rose pour les filles. Certains internautes estiment que ces sacs sont sexistes et l'ont fait savoir à la marque. Le community manager a appelé au calme sur Twitter, jeudi 8 février.
L'histoire remonte à août 2017. Une internaute poste une photo des sacs Decathlon sur Twitter et commente : "Chez Decathlon, les sacs de randonnée ont un sexe". Yann Amiry lui répond brièvement : "les sacs sont simplement adaptés aux morphologies féminines et masculines, rien de plus." Certaines internautes s'étonnent de cette réponse, le responsable des réseaux sociaux précise : "Ce n'est pas uniquement une question de gabarit, les sangles sont aussi adaptées pour ne pas compresser les seins des femmes." Il indique par ailleurs que les sacs pour les femmes existent en plusieurs coloris, et pas seulement en rose. Ils sont notamment disponibles en bleu.
Des insultes contre l'auteure du tweet
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais l'internaute qui critiquait le sexisme supposé des sacs, à l'origine de la conversation, reçoit de nombreux messages injurieux la traitant de "demeurée" ou de "conne", rapporte LCI. "En moins d'une heure, j'ai vu que ma réponse tournait et que des insultes étaient tweetées à l'encontre de l'internaute et des féministes en général", raconte Yann Amiry au Huffington Post. "J'ai reconnu certains membres du forum 18-25 ans de jeuxvideo.com et j'ai vu que nos échanges de tweets étaient discutés sur le forum." Le community manager contacte l'internaute pour prendre de ses nouvelles. Sur son compte personnel, il se dit effaré par les réactions de haine et rappelle que "féminisme" n'est pas un gros mot.
Léa se fait traiter de pute depuis 3 jours, pour un putain de tweet maladroit sur…des sacs à dos ! pic.twitter.com/zVcY92Qhmc
— Yann Amiry (@Yann_A) 1 août 2017
La polémique retombe, mais quelques mois plus tard, l'histoire se répète. Une militante d'Osez le féminisme interpelle Decathlon sur Twitter le 7 février, sur le même sujet : "C'est La manif pour tous qui dessine vos produits ?" demande-t-elle.
Dites @Decathlon, c'est @LaManifPourTous qui dessine vos produits ? #MarreDuRose @osezlefeminisme @ChiennesdeGarde pic.twitter.com/TUoquehIL0
— Cécile Werey (@CecileWerey) 7 février 2018
Pour éviter un emballement similaire à celui du mois d'août, le community manager prend les devants : "Je savais que le sujet sur le sexisme est sensible et que ça allait s’emballer très vite sur Twitter. J’ai donc pris la parole de manière très factuelle sur le compte Decathlon pour faire globalement la même réponse qu’au mois d’août", explique-t-il à La Parisienne. Il y explique donc que, non, les sacs ne sont pas tous roses pour les femmes et bleus pour les hommes, ils existent en différents coloris pour chaque sexe, y compris en bleu pour les femmes. Et le logo "femme" et "homme" indique simplement qu'ils sont adaptés aux morphologies féminines et masculines.
c'est le dalaï lama derrière le compte de decathlon ptdr c'est quoi ce sang froid
— Yass (@YassEncore) 7 février 2018
De nouveaux commentaires haineux et sexistes sont postés sous ses tweets, mais Yann Amiry garde son calme. Un internaute le surnomme même "le daïla-lama derrière le compte Decathlon". Toujours calme, le jeune homme dit recevoir des messages de félicitations pour ses réponses simples et se dit habitué de ce genre de réactions. "La question c’est : 'répondre ou ne pas répondre ?'". Pour faire "retomber le soufflé", il poste un dernier message jeudi en rappelant que "rien ne justifie de telles insultes".
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