Intégration : la prudence de Matignon avant les municipales
Deux jours après le vote
par la Suisse de restrictions souhaitées à l'immigration, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a
présenté son plan pour l'intégration des immigrés et la lutte contre les discriminations.
Le Premier ministre a qualifié lui-même de "consensuelles " les 28 mesures
adoptées par une quinzaine de ministres réunis mardi à Matignon. Il n'est pas
question de mémoire, de religion, ou d'ouverture de la fonction publique, mais de
la nomination d'un délégué interministériel à l'égalité et d'un rappel de mesures
déjà annoncées. Une feuille de route très allégée est affichée, alors qu'un sondage TNS-Sofres
pour France Info, le Monde et Canal Plus dévoilée mercredi montre que le niveau d'adhésion aux idées du Front national n'a jamais été aussi élevé.
La nomination d'un
coordinateur et l'apprentissage du français
L'annonce principale de
la feuille de route gouvernementale porte sur la nomination, dans quelques
semaines, d'un délégué interministériel à "l'égalité républicaine et à l'intégration ".
Ce poste sans pouvoir décisionnaire, rattaché au Premier ministre, devra coordonner les actions des différents ministères concernés, en prenant soin de ne pas empiéter
sur leurs compétences. L'intégration des primo-arrivants présents depuis moins de cinq ans en France reste donc pleinement gérée par le ministère
de l'Intérieur. Il devrait imposer un niveau plus élevé pour l'acquisition du
français, avant la délivrance d'un titre de séjour. Ce dispositif sera probablement discuté d'ici la fin de l'année lors du prochain projet de loi sur l'immigration.
La lutte contre les discriminations
Dans ce domaine encore,
aucune nouveauté n'est annoncée par le gouvernement qui prévoit seulement un
renforcement des dispositifs existants, pour la formation des agents publics,
comme les enseignants et les inspecteurs du travail. La question des CV anonymes et des recours collectifs en cas de discriminations sera discutée plus tard, lors de conférence sociale, prévue avant l'été.
De la satisfaction à la déception
Des propositions qui
auraient pu faire débat ne sont finalement pas sorties de Matignon, comme le
développement des cours d'arabe et de mandarin à l'école. La présentation du plan
allégé avec la nomination d'un délégué interministériel a fait dire au député UMP Thierry Mariani que "le pire a été évité." Mais le programme a déçu l'association F rance Terre d'Asile (FTA) qui a parlé de "vague feuille de route cosmétique ". Par ailleurs, Patrick Lozès, ancien président
du Conseil représentatif des associations noires (Cran), a évoqué un
"piteux renoncement ".
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