: Infographies Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, selon l'Insee
En 2021, 2 700 enfants de moins d'un an sont décédés en France, cela représente 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes, selon une étude de l'Insee* publiée mercredi 14 juin. Ce taux de mortalité infantile ne baisse pas depuis plusieurs années maintenant. En effet, depuis 2005, il varie entre 3,5 et 3,9‰, alors qu'il s'établissait à 6‰ en 1994.
Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne de l'Union européenne. En 2020, le taux de mortalité infantile en France était de 3,58 décès pour 1 000 naissance vivantes, alors qu'il atteignait 3,3‰ en moyenne en Europe. "La France se trouvait en troisième position des pays à la mortalité infantile la plus faible en moyenne entre 1996 et 2000, mais se trouve désormais en vingtième position, avec une baisse de seulement 20% de la mortalité infantile en deux décennies", constate l'Insee. L'institut ajoute qu'il s'agit de "l'une des baisses les plus faibles d'Europe sur la période". Par comparaison, "entre 1996-2000 et 2016-2020, la diminution du taux de mortalité infantile est supérieure à 60%" en Roumanie, à Chypre, en Hongrie, en Bulgarie et en Pologne.
Environ la moitié des enfants décédés avant leur premier anniversaire en 2021 en France ont vécu moins d'une semaine. Un quart des décès d'enfants de moins d'un an ont eu lieu entre sept et 27 jours et un quart après 27 jours de vie. Les décès de nouveau-nés dans les premiers jours de vie semblent s'accentuer : en 2021, la mortalité néonatale représentait 74% de la mortalité infantile, contre 65% en 2005. La mortalité néonatale précoce, qui concerne les décès à moins de sept jours, est aussi en augmentation : elle est passée de 1,6 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2005 à 2‰ en 2017, puis à 1,9‰ en 2021. En revanche, la mortalité post-néonatale (pour les décès entre 28 jours et moins d'un an) "continue de baisser", passant de "1,3‰ en 2005 à 1‰ en 2021".
Un taux de mortalité infantile plus élevé en outre-mer
L'étude met en avant un taux de mortalité infantile plus élevé dans les départements d'outre-mer : il est de 8,9‰ à Mayotte, de 8,2‰ en Guyane et de 8,1‰ en Guadeloupe, alors qu'il s'établit à 3,5‰ en France hexagonale. Il n'y a que quatre départements métropolitains qui possèdent un taux de mortalité infantile supérieur à 5‰ : la Seine-Saint-Denis, le Jura, l'Indre-et-Loire et le Lot. Trois régions métropolitaines, l'Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand-Est se retrouvent au-dessus de la moyenne nationale, tandis que la Provence-Alpes-Côte d'Azur et les Pays de la Loire ont un taux de mortalité infantile inférieur ou égal à 3‰, selon l'étude.
L'Insee évoque plusieurs explications possibles à cette tendance, notamment "les progrès de la médecine néonatale qui permet aux grands prématurés, qui seraient autrefois mort-nés, et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes, de survivre pendant plusieurs heures ou quelques jours après la naissance". Selon l'institut, "la hausse de l'âge des femmes à la maternité" peut se traduire "par un risque de mortalité néonatale accru". Autre source de risque avancée par l'étude, le nombre de naissances multiples sur un plateau élevé depuis 2018. L'Insee cite également une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), selon laquelle le nombre de femmes ayant choisi de poursuivre leur grossesse malgré la connaissance d'une pathologie grave du fœtus "augmente de manière importante".
L'Insee juge par ailleurs "préoccupante l'évolution de certains indicateurs de santé périnatale, notamment en Outre-mer". Il alerte par exemple sur "une plus grande précarité sociale". Celle-ci se traduit par le fait que la "part des accouchements couverts par l'assurance maladie recule contrairement à ceux pris en charge par l'aide médicale de l'État". L'Insee évoque également une augmentation de la "proportion de sans-abri parmi les femmes qui accouchent", mais aussi "de la part des femmes enceintes en surpoids". Enfin, "si les femmes enceintes fument moins qu'il y a vingt ans, la France reste un pays où la prévalence de tabagisme maternel est forte".
*Méthodologie : Pour établir cette étude, l'Insee s'est basée sur les statistiques d'état civil sur les décès et les naissances, qui "sont issues d'une exploitation des informations transmises par les mairies à l'Insee". Les données provenant des autres pays européens proviennent quant à elles d'Eurostat, l'institut européen de statistiques.
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