Incendie de Marseille : l’armée reconnaît "une faute professionnelle grave"
SANCTION IMMEDIATE
L’armée a reconnu sa responsabilité dans l’incendie qui a dévasté en moins de 24 heures selon la préfecture une zone de 1.300 hectares, principalement de garrigue, aux portes de Marseille. "Un chef de section a commis une faute professionnelle grave", a déclaré ce matin sur France Info le porte-parole de l'Armée de Terre, le colonel Benoît Royal. Une faute professionnelle car il y a eu un grave manquement au règlement. "Du 1er mai au 1er novembre, toutes les munitions à balles traçantes (qui continuent à brûler un certain temps après avoir atteint leur cible et peuvent donc provoquer des incendies) sont interdites et là, elles ont été utilisées", a-t-il poursuit. Et la sanction a été immédiate. Le responsable des tirs à l'origine du sinistre, un cadre du premier régiment étranger de la Légion à Aubagne dont le nom n'a pas été dévoilé, a été définitivement suspendu de ces fonctions, dans l’attente des conclusions de l’enquête.
LA COLÈRE
Mais faute avouée, pas forcément pardonnée. Dès hier soir, le préfet de région Michel Sappin avait déploré l'irresponsabilité de ces tirs en été. Il est "totalement inadmissible et scandaleux que les militaires continuent à exercer ces activités comme si de rien n'était en cette période"', avait-il insisté sur France Info. Tout en condamnant "l'imbécillité du geste"', Michel Sappin avait rappelé que l'an dernier, près du camp de Canjuers (Var), une imprudence du même ordre avait causé l'un des plus grands incendies de l'été.
Le pire a heureusement été évité. "Il y a eu beaucoup de peur surtout. évidemment, la deuxième ville de France encerclée par les flammes et la fumée c’était un spectacle assez effrayant", commente Michel Sappin. Mais au niveau du bilan, les dégâts matériels sont limités (une villa, cinq cabanons et une ancienne bergerie brûlée) et l’incendie n’a fait que quelques blessés parmi les pompiers et policés, mais sans gravité. Ce matin, le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin a salué l’efficacité des secours "qui ont été exemplaires" et qui sont toujours à pied d’œuvre actuellement pour tenter de noyer le feu. S’il est sous contrôle depuis ce matin, il reste une menace, notamment en raison du vent qui continue de souffler. Jean-Claude Gaudin n'a pas manqué non plus de rappeler aux responsables leur "stupidité incroyable" . "Nous avons fait du mieux que nous avons pu mais quand il y a une stupidité incroyable comme celle-là, cela nécessite qu'on le dise avec une certaine force et j'espère que le gouvernement de la République aura compris", a lancé le maire de Marseille, qui a souhaité que l'armée "donne un coup de main pour le rétablissement d'une bonne situation".
L'ENQUÊTE
Tandis que le Premier ministre François Fillon et les ministres de l'Intérieur Brice Hortefeux et de la Défense Hervé Morin se sont rendus sur place en début d'après-midi, une enquête interne est en cours à la Légion étrangère pour comprendre les circonstances exactes qui ont conduit à l’utilisation de balles traçantes pourtant interdites en cette saison. Une enquête de gendarmerie a parallèlement commencé ce matin. L'adjudant dont la suspension a été annoncée ce matin par l'armée devrait être placé en garde à vue.
Cécile Mimaut, avec agences
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