Un important réseau de trafic de migrants démantelé par la police aux frontières, avec le soutien d'Europol

Cette année, 26 personnes, impliquées dans un trafic de migrants en provenance du sous-continent indien, ont été arrêtées.
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'enquête de la police aux frontières a mené à l'arrestation de 26 personnes. (MATTHIEU BONHOURE / RADIO FRANCE)

Un total de 26 personnes ont été arrêtées depuis le début de l'année en région parisienne, soupçonnées d'avoir fait passer en France plusieurs milliers de personnes en trois ans, annonce Europol jeudi 28 novembre dans un communiqué. Actuellement, 15 personnes sont en détention provisoire.

 Ce trafic de migrants a été démantelé par la police aux frontières (PAF), avec le soutien d'Europol. Ce réseau est soupçonné d'avoir blanchi plus de 200 millions d'euros par le biais de leurs entreprises de travaux publics. Les enquêteurs ont saisi plus de 10 millions d'avoirs criminels, dont 500 000 euros en bijoux, 121 000 euros en cryptomonnaies, des voitures de luxe et 350 000 euros en numéraire.

Parmi ces 26 personnes, quatre - dont deux patrons de sociétés de BTP - ont été déférées jeudi soir au parquet de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Les passeurs réclamaient entre 15 000 et 25 000 euros par personne, en échange ils fournissaient des faux visas et une aide logistique à ces migrants en provenance d'Inde, du Sri Lanka et du Népal. Un homme considéré comme l'organisateur principal du réseau a été arrêté à Dubaï, mais pour l'instant la demande d'extradition n'a pas été acceptée, a appris franceinfo de source proche du dossier.

Une affaire inhabituelle

Pour blanchir les 200 millions d'euros, le réseau a notamment utilisé de nombreux tickets-restaurant, via aussi des sociétés écrans, et via aussi le trafic d'or. Lors de la première opération de police en mars dernier, les enquêteurs ont arrêté 13 personnes soupçonnées d'être des passeurs et six autres soupçonnées d'être des courtiers financiers. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir transféré chaque année plus de 50 millions d'euros d'avoirs criminels pour le compte du réseau de trafic de migrants.

Lors de la deuxième opération de police, en juin dernier, la police a arrêté deux personnes soupçonnées d'être des courtiers en or illégaux, des personnes qui réalisaient un chiffre d'affaires de plus de 5 millions d'euros par an. Europol précise qu'un prêtre tamoul, suspecté de faire partie du réseau, a repris les activités de courtiers arrêtés et a utilisé son temple en Seine-Saint-Denis pour récupérer de l'argent provenant du trafic de migrants. Cet homme a été arrêté le 12 novembre dernier.

En tout, 28 maisons ont été perquisitionnées, ainsi que 10 commerces et entreprises. Sollicité par franceinfo, le commissaire Julien Gentil, le chef de la police aux frontières (PAF) à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle estime que dans cette affaire "ce qui est inhabituel, c'est le fait d'avoir retrouvé tout le chemin de l'argent depuis le territoire national et l'étranger". Inhabituelle aussi, "l'ampleur de la filière avec plusieurs milliers de bénéficiaires potentiels", juge ce policier.

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